30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 20:47
S-21

Touchée coulée. Comme à la bataille navale.

Je commence le récit du voyage au Cambodge par la fin.

S-21 c'est le petit nom de Tuol Sleng. D'abord une école, puis un centre de détention et de torture des Khmers rouges, de 1975 à 1979, enfin le musée du génocide.

Situé à l'autre bout de Phnom Penh, j'ai tenu à m'y rendre à pied.

En fait de musée, ce sont les lieux tels qu'ils étaient. Un audio-guide permet de découvrir ce qui s'y est passé. La voix d'un cambodgien raconte doucement. Les écouteurs offrent un certain isolement, il serait difficile de partager l'émotion avec les autres visiteurs.

Le carrelage à damiers blancs et jaunes. Les salles de classe utilisées comme chambres de torture. On y voit le sommier de fer, les instruments, une photo du détenu mort. D'autres salles sont cloisonnées pour faire autant de cellules. Un bidon pour l'urine, une boîte de fer pour les excréments. Dans certaines salles, des centaines de photos, les portrait des détenus lors de leur arrivée. Arrêtés sans raison aucune et soumis à la question. Tous avouaient être à la solde de la CIA sans même savoir ce que c'était, ou être contre la révolution. Tous étaient tués après avoir signé les aveux. Seuls 4 ou 5 en ont réchappé, parce qu'ils avaient un savoir-faire : un artiste peintre, un mécanicien... Des dizaines de milliers ont subi ça, y compris beaucoup de khmers rouges eux-mêmes tant la paranoïa était forte au sein du mouvement révolutionnaire appelé Angkar.

En dehors des centres de détention, la soufrance était partout dans le pays. Les grandes villes évacuées de force, la majorité étant tenue aux travaux forcés dans les champs. Le modèle était basé sur l'agriculture mais les khmers rouges et les citadins ne savaient pas cultiver le riz. Un quart de la population est mort d'épuisement, de faim ou de maladie.

Le frangipanier de la cour était là à cette époque, il a vu et entendu.

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