13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 23:54
Les Gréna sont là

En créole dans le texte. Gréna = grenat. Du nom de la couleur des vieilles mobylettes de marque Motobécane (je crois).

 

Ces fringants destriers ont fait leur apparition il y a une cinquantaine d'années (à vue de nez) en Guadeloupe, du temps où les gens modestes n'avaient pas de voiture. Révolution pour sé mésié-la, qui pouvaient se déplacer à leur guise, et notamment pour aller travailler.

 

Maintenant c'est plutôt scooter, mais beaucoup de vieux ont encore leur Gréna.

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Mais pourquoi donc cette chronique motocyclique ?

 

Parce qu'en rentrant du boulot, ce qui m'arrive eviron cinq fois par semaine, je suis passée, pour changer, par la route du Pont cassé. Cette petite route de campagne est bordée d'un manguier vieux comme mes robes, et de pièces de cannes. Pièce de cannes = champ de canne à sucre.

 

Depuis une vingt-cinquaine d'années, la récolte de la canne s'est mécanisée petit à petit. Imaginez les temps de la récolte manuelle, que j'ai connus grand bien m'en fasse. En période de coupe, des armées de journaliers, souvent haïtiens, déboulaient dans les champs dont la hauteur les dépassaient largement. Vêtus des pieds à la tête. Ca ne rigole pas la canne, les feuilles sont pleines de toutes petites aiguilles de silice, dont le job semble être de se piquer dans votre peau. Amer retour du sucre de canne pour celui qui la coupe.

 

Ces pièces de canne du Pont cassé sont encore récoltées à la main, et de ce fait sont brûlées avant la coupe. Cela facilite le travail, en réduisant en fumée les feuilles sèches. Tant pis pour le sol, point de retour de matière organique. Mais quelle beauté ces flambées nocturnes, et l'odeur des champs ainsi carbonisés.

 

Eh bien ce soir à la tombée de la nuit, une Gréna était encore là dans le champ fraîchement coupé. Les vieux journaliers sont toujours là, combien de temps encore ?

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