27 septembre 2007 4 27 /09 /septembre /2007 19:18
Vous avez sans doute entendu parler dans les médias nationaux du problème du chlordécone, un pesticide qui nous empoisonne, nous et nos voisins martiniquais. Alors évidemment vous me direz que tous les pesticides sont empoisonnants, notamment les organochlorés (dont fait partie le chlordécone), alors pourquoi tout ce tapage ? Et pourquoi seulement en Guadeloupe/Martinique et pas dans les autres îles du coin ?

Eh bien il se trouve que le Curlone (c'était son nom commercial, car il était utilisé pour lutter contre un Curculionidae : le charançon du bananier) était vraiment un TRES bon produit, ou plutôt un très mauvais produit, puisqu'il était vanté par les marchands de perlinpinpin pour sa rémanence dans le sol, donc pour une efficacité durable contre la petite bête (c'est elle) :


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Moi j'en ai bouffé du chlordécone, est-ce que j'en fais un drame ?


Cette molécule a la propriété de se dégrader beaucoup plus lentement que ses collègues dans les sols. Tant et si bien que mes collègues à moi ont modélisé l'affaire, et nous annoncent que si tout se passe bien, on reviendra à des taux de chlordécone acceptables dans les sols, dans quelques centaines d'années. Cela relativie évidemment nos petits problèmes existentiels.

Alors comme la molécule est dans les sols, elle passe aussi dans les rivières (et leurs habitants), et dans la mer (les poissons !), et tout partout finalement. Une chose est sure, nous en avons tous consommé peu ou prou entre les années 75 et nos jours.

Ce qui est râlant (comme je peux être polie parfois), c'est que malgré des mises en garde des scientifiques (c'est nous !), le moins qu'on puisse dire est que l'Etat n'a guère pris ses responsabilités, ila même donné une petite dérogation après l'interdiction du produit, pour qu'il puisse encore être utilisé. Bin oui sinon comment s'en seraient sortis les pauvres planteurs de bananes ?

Première question bien légitime : ou la la, serions-nous, ma famille et moi, contaminés ? Des études sont en cours, et pour le moment (et malgré les affirmations du Professeur Belpomme qui a ramené sa fraise sur les médias), rien n'est mis en évidence. Les effets potentiels seront peut-être à plus long terme, ou peut-être que  ce pesticide n'aura finalement pas plus d'effet sur nos santés que les autres pesticides, voire même qu'un petit coup de rhum de temps en temps.

Deuxième question : nous (façon de parler) les producteurs de cultures vivirières sur les sols pollués (quand même environ 10% de la SAU), qu'allons-nous faire ? L'Etat nous offre obligeamment l'analyse de sol de notre parcelle. Si elle est positive, nous pouvons tenter de cultiver nos racines et tubercules, mais il faudra effectuer une analyse sur la production, et si elle est positive, détruire la récolte. Bof. Alors comme la Guadeloupe n'est pas extensible, plein d'agriculteurs se trouvent le bec dans l'eau et ne savent plus trop quoi cultiver.

Troisième question : c'est la faute à qui ? Je vous laisse méditer la-dessus.

Et question subsidiaire : quid des anciennes colonies françaises, notamment en Afrique de l'Ouest, où nous avons fait oeuvre de "développement" en préconisant l'utilisation du facheux chlordécone. Mais ça, les médias n'en parlent pas.

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