23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 22:43

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Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Jean-Luc Seigle.

 

Le livre aurait pu s'appeler La ligne Maginot. Ou encore Une balle dans le coeur.

 

Je suis restée sidérée par la chute de ce bouquin, où le fils du héros, devenu professeur d'histoire à l'université, explique à ses étudiants le mensonge de la ligne Maginot. 

 

Il l'explique d'autant mieux que c'est à cause de ce mensonge que son père a fini par se pendre dans la grange. Une balle dans le coeur à retardement. Aidé aussi par la modernisation des années 50 qu'il ne supporte pas. Le remembrement imposé par de Gaulle. La télé qui arrive dans son salon, et qui lui montre la réalité de la guerre d'Algérie à laquelle son fils aîné est parti. Il se tue aussi pour faire revenir ce fils comme soutien de famille.

 

 

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Revenons à la ligne Maginot.

 

Le souvenir que je garde des cours d'histoire (je baillais beaucoup), c'est que la ligne Maginot a été la cause de la défaite en 40, et que les allemands sont entrés comme dans du beurre.  "Ah ce "comme dans du beurre", on n'imagine pas le mal que ça a fait. L'expression n'est pas suffisamment moderne pour venir de vous. Il faut croire qu'elle est remontée jusqu'à vous, de génération en génération, de manière la plus sournoise possible".

 

Eh bien si l'on en croit Jean-Luc Seigle, la Ligne Maginot a joué son rôle. Les allemands n'ont même pas essayé de passer par l'est au début, ils sont passés au nord. "...par la Belgique qui avait refusé l'extension de la fortification à sa frontière, préférant choisir la neutralité, convaincue qu'elle protégerait mieux ses sujets de cette manière".

 

Alors l'armée française qui avait lu Mein Kampf et avait donc tout prévu, vole au secours de la Belgique pour obliger les allemands à retenter le coup par l'est et les écraser. Il y avait suffisamment de chars pour ça, puisqu'ils 'avaient pas à défendre les autres frontières, la Ligne Maginot étant là pour ça.

 

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C'est là que ça cafouille. Les ordres pour lancer les contre-attaques tardent. Les militaires (ce sont des militaires) obéissent à l'absence d'ordres. Les décisions ne sont pas prises en haut lieu. L'armée française est donc en déroute, non pas par manque d'hommes et de moyens, mais fautes d'ordres, qui ne sont pas donnés, ou donnés au mauvais moment.

 

Hitler excité par son succès ne résiste pas à l'idée de repasser par la Ligne Maginot, il sautille et va narguer les soldats français. 

 

Le héros du livre s'y trouvait, au niveau du fort de Schoenenbourg. Lui comme les autres se sont souvenus de Verdun, se sont battus sans relâche, sans attendre les ordres. Ils ont résisté et ils ont vaincu, quasiment sans perte. Cette deuxième quinzaine de juin 40, ils ont infligé d'énormes pertes à l'armée allemande. Pas un soldat allemand n'est passé tant qu'ils sont restés à leur poste. Personne n'a eu besoin d'oublier ça puisque personne ne l'a su.

 

L'histoire officielle française ne l'a pas retenu.

 

Les soldats français ont alors capitulé. Non pas devant la puissance allemande, mais sur l'ordre du Haut Commandement français. Les soldats sont remontés à la surface, et se sont constitués prisonniers. De retour dans leur pays cinq ans plus tard, ils se sont tus. Ont gardé pour eux cette vérité qui les étranglait. Cette reddition fut pour eux comme un coup de grâce, comme une balle dans le coeur.

 

 

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En dehors de cette thèse historique développée à la fin, ce livre est plein d'autres trésors. 

 

Je l'a lu d'une traite pendant mon dernier Paris / Pointe-à-Pitre. J'ai souvent la chance de tomber sur des bouquins troublants pendant ces heures particulières qui relient mes deux pays.

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