Phiphi me l'avait dit : "Bien sûr que tu peux le faire. Tu mettras du temps mais tu y arriveras".
Marie m'a confortée dans l'entreprise : "Tu as le mental, tu y arriveras".
Au matin du jour J, je n'en menais pas large, et mes intestions me le firent savoir.
Allé-je arriver au bout ?
N'allé-je point tomber dans le ravin, bousculée par une voiture ?
L'entraînement commença par le parcours de santé en famille. Très sympa.
Puis se poursuivit par quelques sorties en VTT. Si quelqu'un vous dit "Alors tu vois, on va prendre le n°9 qui rejoint le n°7 après la rivière. Non mais ça ne monte pas beaucoup. Allez, on va seulement jusqu'aux arbres et après ça descend", alors surtout, ne le croyez pas mais allez-y quand même.
On s'exerce aussi sur des cycles bizarres.
Autant qu'étranges.
Et sur des échasses.
Sans oublier une ou deux via ferrata. A nous Poingt Ravier, sa chapelle, sa fontaine et ses quelques 20 maisons.
Et aussi une raclette, une tartiflette, des cookies maison, un tiramisu, ainsi que de nombreux autres plats délicieux, préparés et partagés par nous tous (de 11 à 89 ans) et copieusement arrosés.
Au bout d'une dizaine de jours à ce régime globulifère qui nous a de surcroît permis de nous adapter à l'altitude, et forts d'une météo clémente, la décison fut prise. On va se faire le Galibier en VTT pas plus tard que demain matin.
Résumé des faits. Je pars en premier, à 7h30. Hé hé, personne à cette heure-ci, l'air est frais, et les premiers kilomètres de montée sont comme d'abitude les plus durs. Je pédale dans l'ombre (au propre commeau figuré) pendant un bon moment. J'économise mes forces, 4 expi pour 2 inspi. Quelques pauses techniques de courte durée (pipi, barre d'ovomaltine). La première montée sérieuse est là, après le Plan Lapraz. Curieusement, je me l'avale sans souci, sans doute l'adrénaline. Un deux trois quatre, un deux. Le paysage défile, et j'en profite un max, c'est trop beau. Je me fais doubler à coups de klaxon, c'est JJ et Manue qui sont venus me faire un bisou, ils repartent aujourd'hui. Au même moment, Ludo me double. C'est là le plus dur, un horrible faux plat près du marchand de Beaufort. Et puis c'est au tour de Marie et des petits de me doubler en voiture, ils sont venus encourager, je dois dire que ça marche. Puis tout s'enchaîne et voilà le sommet, c'était pas si dur que ça (3 heures et demie quand même, j'ai peur de ne pas entrer dans les annales).
La descente, ce fut le paradis ou presque. Pas par la route, mais dans les vallons pour aboutir à la combe de Morteavieille. Un petit soleil sans gravité, dû à un refus de ma part de tant de gravité. Du ciel cobalt, des pâtures vert anglais, pas âmes qui vivent sauf des brebis même pas égarées.
C'est l'épisode n°3 et je ne suis pas près de l'oublier.