Qu'est-ce qui rugit et gronde ?
Qu'est ce qui emporte régulièrement un ou deux passants ?
Qu'est ce qui vous épouvante lorsque vous la regardez en face ?
La Tigresse du Bengale ? La Lionne mangeuse d'hommes ?
Que nenni. Bien pis.
La rivière en crue.
Qui charrie comme si de rien n'était des arbres comme des fétus de paille (à ce propos, de quoi d'autre peut être un fétu ? Et qu'est-ce qu'un fétu ?).
Qui rabote sans pitié les berges, laissant terre rouge à nu ?
Qui noye les vaches au piquet et emplit de boue les maisons trop proches ?
Qui envahit les nids de Martins-pêcheurs creusés à même les rives ?
Toujours elle.
Qui vous fascine et vous attire ?
Qui vous remet en bonne place dans la mince pellicule vivante qui borde la planète (pas si nette) Terre ?
La 'Grande Rivière à Goyaves'. Elle est sortie de son lit à plusieurs reprises ces deux dernières semaines, comme elle ne l'avait pas fait depuis des années. Un tiers de mètre de pluie (presque la moitié de ce qui tombe chaque année à Paris) a débaroulé en un jour sur le bassin versant, s'est accumulés au détour des pentes, a formé des vagues et déblayé des roches énormes.
Rien qu'une somme de gouttes d'eau.
Pour finir dans le bouillon ! (jusqu'à la prochaine fois). Les photos sont de Philippe Feldmann, sauf celle du lion de la MGM.