Morphy. Rencontre avec de nombreuses Fistules aplysines. Je rectifie, elles ne se balancent pas doucement au gré de la houle.
Ces éponges tubulaires sont dotés d'une certaine rigidité, donc plutôt enclines à vibrer dans le courant. La Fistule aplysine est donc 1) Extrêmement commune, je dirais même banale - 2) Passive dans le flôt - 3) Cylindrique et d'un jaune sale. Pas de quoi en faire un plat en quelque sorte.
J'en étais là de mes pensées sous-marines du dimanche. Barbottant en solitaire dans une mer Caraïbe scandaleusement tiède. Pas un chat à l'horizon, à part peut-être un poisson-chat. Morphy est une petite anse sauvage, bordée de roches noires. Aujourd'hui la houle est sud, la faute à la saison cyclonique.
Quand donc, j'aperçois une forme inhabituelle à proximité d'une patate de corail. Le doute n'est pas permis, un poisson-lion. Mon premier ! Je l'observe du coin de l'oeil un bon moment, la bestiole étant réputée pour sa venimosité. Il passe ce moment à ne strictement rien faire, sauf me montrer ses grandes nageoires plumeuses, rayées de sombre et blanc. Ce truc là sait à peine nager. Jolie rencontre.
Au retour, je m'amuse à regarder la surface la tête à l'envers. Quelques sargasses, dorées, flottent, un peu comme des nuages. D'autres habitants se manifestent au détour du bleu. Cinq calmars nagent dans la même direction, et deux tazars passent. Ceux-là savent où ils vont.
Post-scriptum. La journée s'est très mal terminée pour certains. Dans nos assiettes, mais en bonne compagnie.