7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 21:09

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Le calme avant la tempête avant le calme avant le cyclone etc...

 

Saison chargée en cyclones s'il en fut. Météorologiques mais pas seulement.

Correspondance à mon père.

 

La lézarde, le 7 septembre 2010

 

Cher Papa,

 

Mais que se passe-t-il ?? Deux lettres en moins d’une semaine, ça commence à bien faire ! Comme si tu avais le loisir de lire toute cette correspondance, qui plus est d’un intérêt douteux.

 

Mais que veux-tu, il n’est pas facile d’avoir des choses passionnantes à relater à chaque fois.

 

Je vais quand même t’en raconter une bien bonne, si on peut dire.

 

Alors figure-toi qu’il y a un peu plus d’une semaine, un dimanche, la météo annonçait que le cyclone Earl arrivait, et qu’il y aurait une belle houle du côté de Sainte-Rose. Comme un seul homme, nous voilà partis pour regarder la mer à Cluny. Ca commençait à bien se lever.

 

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Au retour, la pluie tombait tout à fait sérieusement, causant de malencontreuses grosses flaques dans les parties creuses de la route.

 

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Et ce qui devait arriver arriva : la panne ! Moteur noyé ! Ne nous démontant pas pour autant, et aidé par de nombreux badauds, nous poussâmes la voiture sur le bas-côté pour aviser. Rien à faire, elle ne voulait pas redémarrer, la nuit commençait à tomber et la pluie redoublait.

 

Notre infortune n’était pourtant pas totale, puisque nous avions des vivres pour passer la nuit : une bouteille d’eau et un paquet de biscuits pour 5, que demande de plus ?

 

Là où les choses ont commencé à se gâter, c’est quand mon cher et tendre époux a claqué la portière sur un appendice qui traînait par là par le plus grand des hasards : le pouce gauche de Swan. « Aïe aïe aïe » fit l’intéressé. « Ouh la la » fit la Maman. Il fallait faire quelque chose, le petit bout de doigt était quand même un peu amoché, et des soins s’avéraient manifestement nécessaires.

 

Or donc, je sortis de la voiture sous la pluie battante, armée en tout et pour tout d’un short, d’un débardeur moulant sans soutien-gorge, d’un téléphone portable et d’une serviette éponge joliment enroulée autour de moi pour limiter un peu les dégâts. Las, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’avais l’air d’une grosse éponge détrempée, levant pathétiquement le bras pour arrêter un véhicule.

 

Les dits véhicules ne s'arrêtaient pas, ayant le même souci que nous : vite rentre à la maison  avant que les routes ne soient totalement inondées. Mais c’était sans compter sur la providence, qui passait par là, et prit la forme d’un 4 x 4 bleu. électrique. Un monsieur et sa maman, d’une gentillesse extrême, se sont déroutés pour nous emmener aux urgences, dans un délai très raisonnable compte tenu des conditions météo.

 

Notre arrivée fut très remarquée à la clinique : la maman trempée et grelottante, l’enfant pieds nus et en caleçon.

 

Mais les gens sont gentils, nous ont réconfortés et réchauffés, ont soigné le doigt qui n’est pas cassé et ne nécessitera qu’une semaine d’attelle.

 

Entretemps, le reste de la famille s’est fait remorquer. Puis véhiculer par des amis, qui nous ont également récupérés à la clinique.

 

Voilà. Tu ne dois pas être bien fier de ta fille, cette écervelée qui part à l’aventure sans soutien-gorge et sans papiers !! A ma décharge, je peux dire que j’avais quand même mis une culotte ce qui n’est déjà pas mal.

 

Bien mon petit Papa, la prochaine lettre te contera des événements plus raisonnables, je te le promets. Mais sans doute moins palpitants, on n’a rien sans rien !!

 

Ta dévouée,

 

D.  (je garde l'anonymat, on ne sait jamais).

 

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