Le 20 janvier, notre unité de recherche était évaluée.
Le 20 janvier, c'était le jour de l'investiture de Barak Obama, premier président noir des Etats-Unis.
Le 20 janvier, c'était le début du mouvement LKP en Guadeloupe, dont le porte-parole est Elie Domota.
LKP, c'est Lyannaj Kont Profitasyon. Ca nous a fait sourire.
"Chouette, pas d'école pendant quelques jours" ont dit les enfants. Nous pensions tous qu'il y en aurait pour moins d'une semaine sans essence et sans transport, puis que tout rentrerait dans l'ordre comme les autres fois
Mais les semaines ont passé.
Quand même, en lisant les revendications du LKP, on s'est dit qu'ils avaient réfléchi à pas mal de problèmes, et qu'ils les posaient bien.
Le gouvernement n'avait pas l'air franchement intéressé par la question.
Puis nous avons vu débouler lou ravi, alias Yves Jégo. Formidable, il écoutait bien, comprenait, et arrivait assez vite à un accord.
Avant de jouer la fille de l'air juste avant la signature de l'accord du 8 février.
Les enfants n'allaient toujours pas à l'école, et commençaient à tourner en rond. Le recteur avait bien dit
"Allez, jeudi c'est la rentrée" mais RFO disait mercredi soir
"Les écoles seront fermées demain". Et RFO disait jeudi
"Quelques écoles étaient ouvertes, mais les parents ont préféré garder leurs enfants à la maison".
Nous roulions le moins possible pour garder un peu d'essence au cas où. Virées fréquentes à vélo pour aller chercher à manger. Davantage de temps passé avec les enfants. Moins de travail, le coeur y était de moins en moins. Beaucoup de VTT pour moi. Finalement une vie plus agréable, sachant que nous serions payés à la fin du mois.
Et entretemps, le LKP devenait de plus en plus intelligent, ne tombait pas dans les pièges, et gardait le cap. Certains devraient s'en inspirer. Gardait des biscuits qu'il sortait au fur et à mesure. Le dernier biscuit fut la consignes de durcir le mouvement, et de bloquer la circulation.
Nationale 1, rond-point de Colin Les enfants n'allaient toujours pas à l'école, mais nous les faisions travailler un peu, avec l'aide de Catherine, qui n'a pas hésité à venir passer ses vacances ici malgré tout.
Et puis forcément, ça s'est emballé puisque les routes étaient bloqués. Les gendarmes et autres policiers ont fait leur boulot, les grévistes ont fait leur boulot, les casseurs ont fait leur boulot. Un mort dont on a beaucoup parlé (syndicaliste, membre du groupe phare de Carnaval Akyio, tué par ? un jeune casseur au retour de la réunion du LKP). Et un mort dont on a très peu parlé (membre du club cycliste de Saint-François, a malencontreusement percuté nuitamment et en moto un barrage du LKP).
Le gouvernement a lâché du lest (OK pour financer les charges liées aux augmentations de salaires, OK pour des primes), les patrons ont lâché un tout petit peu de lest (OK pour 50 à 70 Euros d'augmentation de salaire), le LKP n'a pour le moment rien lâché (à part laisser les supermarchés ouvrir ce week-end, ainsi que quelques stations essence).
Et puis évènement important (tout est relatif ma brave dame), nous avons trouvé une bouteille de gaz. Ce n'est pas rien de pouvoir se faire à manger à peu près normalement.
Nous en sommes là. Au-delà des problèmes de vie chère, tout un tas de questions se mélangent dans nos têtes brunes, blondes, noires, chabines, indiennes... Tout le monde se parle. Sommes-nous à un tournant historique ? L'évolution statutaire sera-t-elle un jour possible dans de bonnes conditions ? Comment les petites entreprises vont-elles se relever ? Comment ce petit pays à l'hitoire compliquée et parfois dramatique va-t-il se prendre en main ?