7 juillet 2016 4 07 /07 /juillet /2016 01:03
Mother

Allez regarder sur le répertoire de votre smartphone. Je suis prête à parier que le prénom d'un grand nombre de vos contacts commence par M, voire par Ma.

 

Marie, Marie-France, Marie-Hélène, Martine, Maryline, Mireille, Michel, Marc, Mathieu...

Mother

Marcelle aussi, moins fréquent.

Mother

Il semble que ce soit à cause de nos mères, nos mamans, que nous donnons souvent de tels prénoms. Ma maman à moi s'appelait Marcelle. Elle a nommé ma soeur Michèle.

Mother

Je suis allée lui rendre une petite visite au cimetière un dimanche y'a pas longtemps. 

Mother

La vue depuis son petit F3 éternel. 

Mother

Le voisin d'à côté a droit à une déco. Il faut quand même ne pas avoir deux sous de jugeotte pour décorer la tombe d'un être cher avec un type cloué à une croix. On a connu plus paisible.

Mother

Comme par exemple ces lichens dorés. Assise sur sa tombe dépouillée, j'ai passé un petit moment avec elle. Ma mère était merveilleuse.

3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 00:28

Le deuxième épisode sera plus léger.

 

ហាងឆេងនិងចុង =  bric à brac.

 

Au pays khmer, de nombreux objets courants jalonnent le paysage. J'ai essayé de les prendre sur le vif, parfois depuis le bus. Ce qui ne laisse que quelques secondes pour mémoriser, et explique le côté sommaire des dessins.

ហាងឆេងនិងចុង

Evidemment ce qu'on voit le plus le long des routes, ce sont les maisons. Je les ai observées sous toutes les coutures, et j'ai maintenant de quoi faire une thèse sur l'ahabitat traditionnel au Cambodge. Au fond à droite, des silhouettes de palmiers à sucre. Ca, il y en a a beaucoup dans les paysages de plaines alluviales, ça ressemble à de grands lataniers.

ហាងឆេងនិងចុង

Egalement très tendance, la meule de foin, à proximité immédiate de la maison. Elles sont souvent autour d'un piquet de bois, ce qui leur donne l'allure d'un kebab géant.

ហាងឆេងនិងចុង

J'ai repéré deux sortes de lotus : des petits, roses très vif, en petites quantités dans des trous d'eau. Et d'autres plus gros, cultivés dans ce qui ressemble à des rizières. Roses pâles, presque blancs, ou mauves. Mais de lotus bleu, point.

ហាងឆេងនិងចុង

Egalement beaucoup de cambodgiennes dans ce pays : grosso modo une personne sur deux ! La cambodgienne serait-elle frileuse ? Malgré les 30 degrés et plus, madame se balade en pyjama, tee-shirt manches longues et petit blouson, ma foi fort seyant à sa silhouette élancée. Des chaussettes et tongues, un chapeau ou bonnet, et bien souvent des gants ou mitaines.

ហាងឆេងនិងចុង

Un boudhisme discret mais omniprésent. Chacun ou presque arbore sa pagode miniature à l'entrée de chez lui. Environ 1 m 50 de haut, presque tout le temps jaune PTT. Impossible de confondre avec une boîte aux lettres, ça n'existe pas là-bas. La pagode sert à vénérer tranquillement Boudha et lui mettre des petits trucs à boire et à manger.

ហាងឆេងនិងចុង

"Tuk-tuk Madddeum ?". Le tuk-tuk est un genre de taxi largement utilisé par la population locale et par nous autres voyageurs. Selon vos talents de négociateur et la durée de la course, il vous en coûtera d'1 (petite course en ville) à 15 $ (sortie à la journée). A l'inverse de ce qui se passe à Paris, les tuk-tuk Uber n'ont pas encore envahi la place.

ហាងឆេងនិងចុង

J'ai au départ un peu galéré pour faire le plein des quelques scooters loués deci-dela (cahin caha). Pour trouver une station essence, il faut chercher ce qui ressemble à un étal de Coca Cola. L'entonnoir indique tout de même que dans la bouteille, ce n'est pas du Coca. A noter que pour louer un scooter, il ne faut surtout pas s'adresser à la boutique où il y a plein de sooters devant. Car il s'agit certainenement d'un bar. L'échoppe du loueur de scooter se caractérise par l'absence de scooters, car ils sont déjà tous loués.

 

 

ហាងឆេងនិងចុង

Sans commentaire. Beaucoup de vélos en ville, surtout à proximité des écoles.

ហាងឆេងនិងចុង

Et une dernière. Ne hurlez pas, il s'agit d'un étal de boucher. 

30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 20:47
S-21

Touchée coulée. Comme à la bataille navale.

Je commence le récit du voyage au Cambodge par la fin.

S-21 c'est le petit nom de Tuol Sleng. D'abord une école, puis un centre de détention et de torture des Khmers rouges, de 1975 à 1979, enfin le musée du génocide.

Situé à l'autre bout de Phnom Penh, j'ai tenu à m'y rendre à pied.

En fait de musée, ce sont les lieux tels qu'ils étaient. Un audio-guide permet de découvrir ce qui s'y est passé. La voix d'un cambodgien raconte doucement. Les écouteurs offrent un certain isolement, il serait difficile de partager l'émotion avec les autres visiteurs.

Le carrelage à damiers blancs et jaunes. Les salles de classe utilisées comme chambres de torture. On y voit le sommier de fer, les instruments, une photo du détenu mort. D'autres salles sont cloisonnées pour faire autant de cellules. Un bidon pour l'urine, une boîte de fer pour les excréments. Dans certaines salles, des centaines de photos, les portrait des détenus lors de leur arrivée. Arrêtés sans raison aucune et soumis à la question. Tous avouaient être à la solde de la CIA sans même savoir ce que c'était, ou être contre la révolution. Tous étaient tués après avoir signé les aveux. Seuls 4 ou 5 en ont réchappé, parce qu'ils avaient un savoir-faire : un artiste peintre, un mécanicien... Des dizaines de milliers ont subi ça, y compris beaucoup de khmers rouges eux-mêmes tant la paranoïa était forte au sein du mouvement révolutionnaire appelé Angkar.

En dehors des centres de détention, la soufrance était partout dans le pays. Les grandes villes évacuées de force, la majorité étant tenue aux travaux forcés dans les champs. Le modèle était basé sur l'agriculture mais les khmers rouges et les citadins ne savaient pas cultiver le riz. Un quart de la population est mort d'épuisement, de faim ou de maladie.

Le frangipanier de la cour était là à cette époque, il a vu et entendu.

24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 00:10

* en créole : sé far-la sé tan nou.

 

Personne n'est parfait, surtout moi. Des lacunes comme s'il en pleuvait.

 

Rendez-vous compte, je ne connais pas la Bretagne. Alors que je suis fière de compter parmi de vrais amis au moins une demi-douzaine de bretons.

 

Je devrais dire que je ne connaissais pas la Bretagne. Parce que j'ai profité de quelques jours cet été pour attaquer à l'Ouest. Tant qu'à faire, j'ai misé sur l'extrême. 

Phare de Nividic et ses deux acolytes.

Phare de Nividic et ses deux acolytes.

Toujours plus à l'Ouest. Ce n'est pas moi qui le dis, mais le Professeur Tournesol. Le phare de Nividic est situé à l'extrême ouest d'Ouessant, l'île la plus à l'ouest de l'ouest du Finisitère.

 

C'est donc sur Ouessant que j'ai jeté mon dévolu pour découvrir la Bretagne. Attention, ça ne rigole pas dans le secteur, le Fromveur gronde !

Phare de la Jument, seuil de l'océan.

Phare de la Jument, seuil de l'océan.

Le Fromveur, c'est cette espèce de bouillonnement que vous apercevez au pied de la Jument. Même par temps calme, ce qui était le cas, il y a un vieux courant qui peut s'opposer au vent (quelle idée), créant ainsi de dangereux tourbillons.

A un quart d'heure de la gare Montparnasse, porte de la Bretagne.

A un quart d'heure de la gare Montparnasse, porte de la Bretagne.

Je réalise que je n'ai pas commencé par le commencement. Ceci dit, il n'est nullement gravé dans le granit qu'un récit doive suivre le cours du temps.

 

Ma petite aventure a commencé en gare de Versailles Chantiers. Le soleil levant se reflétait sur le brillant des rails, et je vous jure que c'était drôlement beau ("Marie-Thérèse, ne jurez-pas !" - Etienne Chatiliez, 1988). J'avais pour compagnon Jolly Jumper, mon fringant destrier. Un magnifique VTT de marque Giant. Et hop, je le colle dans le train de banlieue, puis dans le TGV Paris-Brest.

 

L'aventure commence au moment du départ du TGV. Un troupeau de jeunes gens sympathiques est tout affolé, car ils ont des vélos, mais pas les billets qui vont avec. Et la contrôleuse n'est pas décidée à les laisser monter dans le train. Au dernier moment, cette brave fonctionnaire se dit qu'il serait dommage de gâcher leurs vacances, et contrevient au règlement.

 

Mais le train a sifflé trois fois et les petits jeunes galèrent pour embarquer, quelques-unes vont-ils rester sur le quai ?

 

C'aurait été compter sans tante Claudie, qui attrape les vélos et les mets dans l'espace dédié. Ouf que ! C'est parti et tout le monde est à bord.

Le phare du Minou, non loin de la baie de Brest.

Le phare du Minou, non loin de la baie de Brest.

Paris-Brest sans histoires. Le plan est de rallier le Conquet (28 km) avec Jolly Jumper, et un un petit crochet par le phare du Minou (je n'invente pas) qui m'a été conseillé par un autre breton que je connais. Formidable. Sauf que je n'avais pas prévu que faire du vélo avec un sac à dos c'est un peu fatiguant, surtout qu'il y a quelques reliefs dans cette belle région. Je pédale à toute allure de peur de rater le bateau pour Ouessant. Je passe entre les gouttes, et j'arrive en nage avec une heure d'avance au port du Conquet.

Qui dit port dit phare. Du Conquet, de section carrée.

Qui dit port dit phare. Du Conquet, de section carrée.

Pendant que je dessine, une dame vient m'informer que ce sont les grandes marées et un monsieur me dire que lui aussi il peint. 

 

Et puis mon amie Marion arive échevelée (une belle crinière blonde). Nous sommes drôlement contentes de nous retrouver. Encore une bretonne passée par la case Guadeloupe.

Le phare du Créac'h, en tenue de bagnard.

Le phare du Créac'h, en tenue de bagnard.

Marion me tient compagnie une nuit et un jour. Le soir, gros coup de chance. Au resto, il y a du ragoût (de mouton) cuit sous la motte. Demandez à Google ce que c'est. Après une bonne nuit dans le bourg de Lampaul, nous enfourchons nos destriers pour aller à la pointe du Pern. Abritées derrière un rocher, nous cassons la graine, puis je croque le phare pendant que la petite pique un roupillon. Que tout celà est bel et bon. 

Le phare du Stif.

Le phare du Stif.

Mon amie est partie, j'ai deux jours pour explorer l'île.

A nouveau le Créac'h, sous un autre angle.

A nouveau le Créac'h, sous un autre angle.

Des goélands.

Des goélands.

Des murets délimitaient les propriétés.

Des murets délimitaient les propriétés.

Maison bleue, mer bleue, ciel bleu. Mais pas les mêmes bleus.

Maison bleue, mer bleue, ciel bleu. Mais pas les mêmes bleus.

Le bourg à la nuit tombante.

Le bourg à la nuit tombante.

Je dîne seule (langoustines), passe une nuit agitée (insolation) et une matinée laborieuse (vélo, crevé à l'avant, dégonflé à l'arrière).

Le phare de Kéron et Molène. Un coup de vent a plié mon papier.

Le phare de Kéron et Molène. Un coup de vent a plié mon papier.

A proximiité du Créac'h. La boucle est bouclée.

A proximiité du Créac'h. La boucle est bouclée.

Je n'ai que le temps de repasser prendre mes affaires, et sauter dans le bateau après un bon cidre pression au port du Stif. Traversée sans histoire, la mer est ultra-calme.

 

Enfin si, une petite histoire quand même. Je trouvais mon voisin sympathique sur le bateau. Je tente donc une approche pleine de finesse, genre "c'est fou tous ces récifs dans le coin". Le gars ne me répond pas. Quel ours. Un de ses amis me dit discrètement qu'il est sourd !

 

Penn Ar Bed je t'aime ! 

24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 22:27
Ioüanacéra

Bin voilà que j'apprends quelque chose, voulant me documenter un tout petit peu avant de démarrer cet article consacré à une grosse journée passée en Martinique (à la Martinique devrais-je dire) il y a peu.

 

La Martinqiue était appelé en language caraïbe ioüanacera. 

ioüana = iguane, caéra = île. L'île aux Iguanes.

 

Moi qui croyait que c'était l'île aux belle fleurs. C'est d'ailleurs pour ça que je voulais en parler, ayant été envoyée en émissaire par mon employeur sur un projet de relance horticole dans la Caraïbe.

 

Ioüanacéra

Lui c'est Mario, le chef de projet. Beau gosse.

 

Ioüanacéra

Une jeune haïtienne qui me fascinait par le côté lisse de son visage.

 

Ioüanacéra

Tout a commencé par une arrivée nocturne dans un 4 étoiles. Je n'avais même pas réalisé qu'on était près de la mer. On est plouc ou on ne l'est pas.

Je dîne seule, les autres congressistes étant dans un hôtel proche, mais complet ! Clientèle rare, c'est la basse saison. Je m'ennuie agréablement, et vais me perdre dans un lit de 3 mètres de large, garni de 4 oreillers.

Ioüanacéra

Au matin, ça se confirme, la mer est là. Nous sommes à Trois-Ilets, à la Pointe du Bout. Je krabouille vite fait, le bus passe me prendre à 7h30.

 

Ioüanacéra

Direction Trinité, expoitation Petit Galion. Une quarantaine d'hectares très valonnés. Alpinias, Roses porcelaine, Balisiers...

 

Ioüanacéra

Ca discute ferme. Tous passionnés. Ils voudraient bien rapporter quelques plants chez eux.

 

IoüanacéraIoüanacéraIoüanacéra

Il est temps de passer à la suite. Direction Le François, chez Bélliard. Un pépiniériste spécialisé dans les arbres de grande taille. Je me souviendrai de l'accueil et la gentillesse de Maurice et Mariana.

 

Ioüanacéra

Un bel abri pour les bébés lataniers en tous genres.

 

Ioüanacéra

Pieds d'avocats, de sapotilles, de pamplemousses. Rien ne manque. Des pieds de palmiers de 8 mètres de haut sont en vente, cultivés en pots. Ainsi en cas de cyclone, il suffit de coucher le plant et il n'est pas perdu.

 

IoüanacéraIoüanacéra

Des orteils et des oreilles attentifs.

 

IoüanacéraIoüanacéra

La nuit est là. Un spectacle nous est offert, pour symboliser ce projet Caraïbe.

 

IoüanacéraIoüanacéra
Ioüanacéra

Songe d'une nuit juste avant l'été ?

18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 23:58

Grands-Fonds-Fond-Pierre-12-2014.jpg

Soirée tranquille. Une émission sur France Inter avec des sons de Neil Young. Carrément nuit et grenouilles. Une heure du mat' en France, 20 heures chez moi.

 

Une bonne nouvelle, l'eau est revenue après deux jours sans. Des grèves. Mais pas désagrable de prendre sa douche avec une calebasse d'eau fraîche.

 

Mon ami Michel m'a offert un titre en or. "Tu as inventé le fil à couper la lune" a-t-il dit en regardant une photo.

 

2014-12-14-09.17.59.jpg

 

Dimanche dernier, je suis allée explorer avec quelques indécrottables naturalitses, un peu gauchistes mais pas tous, une zone assez particulière de la Guadeloupe.

 

2014-12-14-11.07.04.jpg

 

Les Grands Fonds. Fond = vallée. Une succession de mornes et de fonds. De monts et de vaux dirait-on en d'autres contrées. Une base calcaire, nous sommes en Grande-Terre. Recouverte de prairies, parfois de forêts. Certains fonds sont comme des vallées de montagne, privés de soleil une partie de la journée.

 

Vu d'avion ou sur la carte IGN, ça ressemble aux circonvolutions d'un cerveau. 

 

Copie-de-Les-Grands-Fonds--Sainte-Anne--07-88.jpg

 

Depuis quinze vingt ans, la pression est forte sur ce milieu. Des carrières pour le tuff calcaire. Jamais réhabilitées et laissant place à des plaies blanchâtres. La forêt est mitée, elle est devenue largement discontinue. L'urbanisation gagne malgré les pentes. Quand je dis urbanisation, ça peut faire sourire. Il ne s'agit que de maisons, surtout sur les crêtes. Rien de plus, c'est encore le cul du monde malgré des centres bourgs importants à proximité.

 

2014-12-14-09.42.33.jpg

 

Malgré cette dégradation, les Grands Fonds restent un bijou. En fin de saison des pluies, donc en ce moment, les fonds sont gorgés d'eau, et une tonalité vert intense domine. 

 

Grands-Fonds-Grande-mare-12-2014.jpg

 

Que se passe-t-il dans les Grands Fonds ?

 

Un monsieur est venu traiter sa vache contre les tiques. Maisl il a égaré le joint de son pulvérisateur alors il reviendra plus tard.

 

2014-12-14-09.24.11.jpg

 

Un homme, tout seul sur une pente, défriche au coutelas pour planter quelques pieds d'ignames.

 

2014-12-14-09.19.16.jpg

 

Sous un gros manguier, un "atelier" à charbon de bois.

 

Un peu plus loin, un vélo de la poste, alors qu'il n'y a aucune boîte aux lettres en vue et que c'est dimanche.

 

2014-12-14-11.05.30.jpg

 

Au détour d'un chemin détrempé, une grande et belle mare.

 

P1040009--Nicolas-.JPG

 

Des bestioles marchent sur l'eau.

 

P1040007--Nicolas-.JPG

 

D'autres font de la peinture à l'eau.


Le propriétaire du vélo est en fait retraité de la Poste, a qui ses collègues ont offert son outil de travail. Je vous le donne en mille, ce gars était postier depuis 30 ans à Versailles.

 

2014-12-14-09.55.18.jpg

 

Un palmier endémique de l'île habite là. Bardé d'épines. Acrocomia karukerana.   


2014-12-14-09.37.55.jpg

 

Et la lune s'est fait couper en deux ! 

21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 22:15

Le petit Larousse nous dit : "Tintamarre : Bruit assourdissant, fait de sons discordants". "Il y avait dans les sycomores un tintamarre de fauvettes (Victor Hugo, Les Misérables)".

 

2014-11-Tintamarre-Falaise-Est-.jpg

 

Des discordances (géologiques), on peut en observer sur les falaises de l'Est de l'îlet Tintamarre. Ainsi que des fauvettes à l'occasion.

 

Mais des bruits assourdissants, pas vraiment. Juste le chant des Pailles en queue, des Fous bruns, des Huitriers et Echasses d'Amérique, des Canards des Bahamas. Juste le bruissement de milliers d'Améives, ces lézards de bonne taille. Juste le souffle du vent. Juste les rayons du soleil qui éclairent les rondeurs piquantes des Melocactus, des Raquettes et des Cierges. Et les rondeurs lisses du dos des Tortues charbonnières. Quant aux Requins citrons et aux Carangues, ils sont bien là, mais ne contribuent à aucun tintamarre.

 

Sur certaines cartes, Tintamarre s'écrit avec un seul r. Tintamare : la couleur de la mer ?

 

Tintamarre est un îlet proche de la partie orientale de Saint-Martin, et fait partie de la Réserve Naturelle Nationale de Saint-Martin.

 

2014-11-Tintamarre-La-falaise.jpg

 

Peu ou prou une centaine d'hectares, une partie marine en réserve, ainsi que la zone terrestre des 50 pas géométriques.

 

2014-11-Tintamarre-et-Saint-Martin.jpg

Des petits bois à mancenilliers, quelques mares puisqu'il a beaucoup plu depuis le cyclone Gonzalo.

2014-11-Tintamarre-La-bergerie.jpg

 

Une ancienne bergerie, qui a vu des moutons jusque dans les années 70.

 

2014-11-Tintamarre-Les-murets.jpg

 

Et des murets de pierres sèches, édifiés antan lontan par des esclaves pour délimiter les propriétés. Tiens, ça me dit quelque chose les murets. Impression de déjà vécu.

 

Mais oui, à Petite Terre, qui ressemble un peu à Tintamarre, il y a aussi des murets. Qui hébergent des lézards discrets et redécouverts depuis peu. Ca me revient maintenant, des murets à Scinques. A Petite Terre, et à Désirade, les murets sont des HLM pour l'espèce Mabuya desiradae.

 

Eh bien figurez-vous qu'en mars 2013, des Scinques ont été découverts sur les murets de Tintamarre. Personne n'avait songé à regarder. C'est un autre genre : Spondylurus. Mais quelle espèce, on ne sait pas. Il faudrait pour celà aller y voir de plus près.

 

 6 rêveurs

 

Nous y voilà. En guise d'Armistice, nous, 6 doux rêveurs d'AEVA (asso naturalistes mooondialement connue) et d'ailleurs sommes allés arpenter plusieurs jours durant à Tintamarre. L'idée était de capturer deux spécimens pour la description de l'animal. 

 

Plusieurs écoles se sont affrontées : capture à la main, à la ligne ou au lasso.

 

Ligne.jpg

 

Priez pour nous pauvres pêcheurs.

 

 

 Lasso.jpg

 

Entraînement sur un Anolis gingivinus. A qui la liberté fut rendue.

 

Après 5 jours à suer sang et eau, et quelques moments de découragement, nous avons tiré les enseignements suivants :

 

Scinque-Tintamarre.jpg

Cliché N. Barré

 

- Le Scinque de Tintamarre est presque aussi rare que ses cousins de Petite Terre, et de taille nettement plus petite. Il semble être plus actif et se déplacer davantage.

- Il a tendance à se précipiter sur les petits objets blancs ou à éclat métallique, tels fil de pêche ou hameçon.

- Plus l'heure avance, plus il est vif et moins il se laisse approcher.

 

Et le dernier jour, presque au même moment sur deux murets différents, deux Scinques furent capturés. Le premier au lasso par Nicolas, le second à la main par Olivier. Un mâle adulte, c'est ce dernier qui servira de "type" lorsqu'il sera déposé au Museum.

 

Parions que Blair Hedge, que nous avons chargé de réaliser la description taxonomique de ce lézard, lui donnera un nom évoquant Tintamarre.

 

RNN.jpg

 

Il nous faut remercier la DEAL de Guadeloupe pour son soutien financier. Et le personnel de la Réserve pour son appui logistique, et surtout son accueil sympathique. Merci donc à Julien, Amandine, Franck, Steeve, Christophe et Romain ! 

1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 22:10

img310.jpg

 

"2G 7000-100 paf tout rond". 

 

Chaque année à la Toussaint, nos amis de l'association AMAZONA investissent la Pointe des Colibris. Pour être à leur aise, l'ensemble des gîtes "Amour d'Olivier" leur est réservé.

 

Mais pour quoi diable y faire ?

 

2014-10-28-07.36.58.jpg

 

Y dérouler pas moins de 144 mètres de filets.

 

2014-10-28-07.37.13.jpg

 

Y placer à proximité une sono enfermée dans des sacs poubelles, débitant à longueur de matinée des chants d'oiseaux.

 

2014-10-28-07.18.59.jpg

 

Profiter du carbet pour installer pieds à coulisse, balance de précision, feuilles de notation, et scribes appliquées (c'était des filles alors j'accorde l'adjectif en genre et en nombre).

 

2014-10-28-07.52.29.jpg

 

Vous avez trouvé. Session de baguage. Plein ouest de la Désirade.

 

2014-10-28-07.51.16.jpg

 

Frantz, Anthony, Claude, Jacky, Antoine, Eric, Thomas, Emilie, Marion, Yasmine, Marine, Lola et Damien étaient là. Et moi et moi et moi.    

 

2014-10-28-07.40.52.jpg

 

Tous affairés. Inspecter les filets. Démailler les oiseaux sans qu'ils y laissent trop de plumes.

 

img308.jpg

 

Les placer dans des sacs de tissu individuels portés autour du cou. Identifier l'espèce et si possible le sexe.

 

2014-10-28-07.52.20.jpg

 

Vérifier son adiposité - donc son état de forme - en lui soufflant dessus au niveau du bréchet.

 

2014-10-28-09.20.12.jpg

 

Prendre ses mensurations.

 

2014-10-28-07.49.44.jpg

 

Puis le placer la tête la première dans un gobelet et déposer le tout sur la balance. Lui passer la bague au doigt (à l'inverse de nous autres humains, la bague est placée à droite).

 

2014-10-28 07.50.02

 

Et enfin le relâcher avec une pointe de regret. C'est si doux d'avoir les oiseaux en main.

 

Quand je leur ai demandé pourquoi ils faisaient ça, voici quelles furent leurs réponses.

 

2014-10-28-07.34.11.jpg

 

"Ca sert à connaître les routes de migrations".

"Ca permet de connaître l'évolution des populations, mais d'une fois sur l'autre les oiseaux s'habituent aux filets alors c'est difficile de comparer".

"Ca permet de faire du suivi".

"Ca permet de savoir si on a affaire à des sous-espèces".

 

img306.jpg

 

Et la dernière, que je retiendrai partculièrement.

 

 

2014-10-28-07.38.18.jpg

 

"C'est aussi pour le plaisir de voir les oiseaux de près, et de nous retrouver ici chaque année".

 

img307.jpg

 

J'aime bien les oiseaux, mais il n'y a pas que ça dans la vie. Y'a les piafs aussi 

Non, je voulais dire que j'étais partie là-bas avec Emilie (oui, elle est jolie), et avec nos vélos. Nous avons un peu fait bande à part, je vous raconte ça dès que possible.

8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 19:26

P1000096.JPG

 

Il existe encore des TTPV.

 

Trains à toute petite vitesse. A l'heure qu'il est, je suis dans le Corail qui relie Nîmes à Clermont-Ferrand. Je n'ai pas choisi une voiture à compartiment, je ne sais pourquoi. Au début du voyage, je suis encore dans le monde habituel. Pas mal de gens dans le train. Je profite du temps que j'ai devant moi pour retranscrire sur mon ordinaschtroumpf un ou deux trucs de la plus haute importance (un article sur Les Saules, et un rêve récent).

 

Inconsciemment, je perçois qu'après le premier arrêt, le wagon s'est quasiment vidé. Un peu comme Tintin et le Capitaine Haddock, dans un tortillard des Andes, qui réalisent qu'un piège leur a été tendu et que le train prend dangereusement de la vitesse au-dessus d'aplombs terrifiants. Je n'en suis pas là tout de même.

 

Il reste un monsieur de l'autre côté du couloir, qui me demande s'il est possible de bien tirer le rideau. Pour qu'il puisse à son aise regarder le paysage. C'est donc à ce moment-là que je réalise que le paysage est renversant. Comme une andouille, j'avais le nez dans mon ordi à ranger mes photos.

 

AAD2291_c-PERERA-ALIZARI.jpg

Cliché http://www.alizari.fr/

 

C'est bien simple, nous sommes dans quelque chose qui hésite entre des montagnes, des collines, des gorges, des forêts rougissantes. Non pas de timidité, mais de début d'automne. Rien en vue si ce n'est la nature sauvage.

 

A l'arrêt suivant, il ne reste dans ma voiture qu'un vieux couple à un bout, et une femme discrète comme une souris à l'autre. Le train avance à petite allure. Des tunnels et des viaducs comme s'il en pleuvait. La lumière accroche les reliefs. La roche semble toute érodée, avec plein de petites aspérités. Des falaises, avec des motifs rocheux qui me font penser à des masques africains. Une énorme impression de solitude mélancolique et initiatique. J'en profite pour réviser mes respirations de yoga, je risque même quelques postures discrètes.

 

Mademoiselle Buisson, une vieille fille célibataire qui portait des tailleurs gris et des bas beiges, a été ma prof de géo pendant des années. Je dois avouer que ses discours un peu gouailleurs ne m'ont pas laissé des souvenirs très nets de la géographie de notre beau pays. Je vois bien que nous sommes dans des gorges, mais les gorges de quoi ?

 

Nous passons sans nous arrêter à la gare de Chapeauroux, ce qui ne me dit strictement rien. Le vent souffle en rafales, alors les arbres s'agitent amplement, et la surface de la rivière est toute énervée. Parfois un petit village. Ah, un panneau, c'est l'Allier.

 

La magie est maintenant rompue et je retrouve la réalité. Au sortir d'un tunnel, le train reprend une vitesse quasi moyenne, les reliefs s'estompent. Le train est maintenant arrêté en gare de Saint-Georges d'Aurac. Quelques personnes du monde moderne (chacun un smartfaune en main) sont montées et se sont installées près de moi. Sympathiques, il prévoient de faire des spaghettis à dîner ce soir.

 

P1000087.JPG

 

Une photo, peut-être pour être sure que je n'ai pas rêvé.

23 juillet 2014 3 23 /07 /juillet /2014 23:40

Carnet de voyage sans exercice de style. Ce sera brut et chnronologique.

IMG.jpg

Au sortir de mon unique journée de travail, je relie la rue de l'Université à la rue Notre-Dame des Champs. Entre les deux, les Invalides, un morceau de Tour Eiffel qui émerge d'un immeuble, de belles grandes avenues dont je ne connais pas le nom. La Tour Montparnasse me guide. Je n'ai pas eu à trouver la rue du Cherche-Midi à 14 heures, il était déjà bien plus tard. Rue de Rennes, quelqu'un me téléphone pour confirmer une rencontre à Rennes le lendemain. Tout celà est pure vérité.

 

Paris-and-co-Juillet-2014-0002.jpg

Je réalise à l'instant que c'est un joli signe, la rue du Renard. Ces petites bêtes on peut les rencontrer presque partout. En l'occurence, je suis à une terrasse de bistrot avec ma soeur, on prend le bon air tiède, et une bonne bière fraîche. Chacune nous barbouillons au moins 3 pages de notre carnet et nous en sommes heureuses.

 

 

Rue-de-la-Verrerie.jpg

 

A la deuxième Leffe, je me lance dans quelque chose de plus structuré. Il est nécessaire de beaucoup cligner de l'oeil pour ne pas trop trahir la perspectives. Peut-on trahir avec un clin d'oeil ?

Paris-and-co-Juillet-2014-0003.jpg

Toujours au même endroit, c'est à dire à 2 pas de l'Hôtel de Ville et de la Fontaine Saint-Michel, une jolie fille à chapeau prend également un bain d'air Parisien.

 

 

img722-copie.jpg

Dernière étape, la maison d'Orvilliers. Le bois de Tacoignières est là, fidèle au poste depuis toujours. Ce soir-là, je m'endors sur le canapé, le feu de cheminée (il faisait froid ce 13 juillet), les feux d'artifice en bruit de fond.