Ca n'aura peut-être pas échappé à certains, j'aime la Guyane.
Je voudrais que Cayenne ça ne soit pas fini. Tentative d'évasion (chantait Higelin). Tentative réussie, bien que ça ne soit pas le bagne pour moi.
Seulement quelques jours, mais une moisson d'instants uniques.
Depuis le littoral de Kourou, les Iles du Salut sont proches.
C'est la saison des pluies, on est loin du bleu fastidieux. Une période d'envasement commence, les palétuviers commencent à pousser. D'ici un an peut-être, la mangrove aura remplacé la plage. Au fond à droite à l'embouchure d'un ruisseau, un couple de martins-pêcheurs crillaillait.
Un soleil cuisant est revenu. Le ciel se reflète dans la marée descendante.
Le quartier Monnerville.
J'avais appris dans un bouquin de Daniel Picouly que Gaston Monnerville était président du sénat en mai 68 quand De Gaulle a un peu pété les plombs et s'est évaporé quelques jours dans la nature pour reprendre ses esprits. Et que dit la consitution en cas de vacance du président de la république ? Que c'est le président du sénat qui prend l'intérim. Monnervile - président ! (un noir, vous vous rendez compte ?). En tous cas, dans le quartier Monnerville, il y a des Chinois où on trouve au moins 40 sortes de vins, un marchand de souvenirs qui vend de beaux hamacs et qui fait crédit, et un bistrot où on sert un très bon café crème.
La barre à l'Est, toutes : direction Régina, un des derniers bourgs avant le Brésil. Une route déserte, une forêt très valonnée, un abattis et ses troncs noircis, une buse blanche au détour d'une grosse mare, un petit serpent-liane écrasé, un toucan tout plein de couleurs abrité dans une termitière désaffectée. Nous trouvons l'entrée du sentier qui mène au seul inselberg facilement accessible de Guayne. Après moins de deux heures de marche et une bon raidillon, la montagne improbable. Elle permet de surplomber un peu la forêt. Au fond, le Brésil. Pas un chat, seulement des orchidées, des arbustes à fleurs rouges, et un gros dendrobate à la descente.
La forêt offre une petite salle de bains pour se rafraîchir, avec une eau claire, courante et potable, une branche permettant de déposer un vêtement, une roche pour remettre ses chaussures, et des plantes vertes comme mises là pour faire joli.
Après le beau temps, la pluie. Qui empêche de sortir l'aquarelle. Merci au bon vieux crayon à papier. La crique Macouria nous mène jusqu'à son embouchure. On ne s'aventure guère plus loin, c'est l'océan. Temps forts : les ibis rouges, spatules roéses et 3 buses buson.
Jour du départ, je rejoins la petite route de Dégrad Saramaca (j'adore ce nom). Je n'ai jamais atteint le but de la promenade, les entrelacs de racines m'ont ensorcelée...