23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 22:27

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Elle répond plus fréquemment au prénom de Saro, et est en première, option arts appliqués.

Née en Guadeloupe, son visage reflète beaucoup de migrations et de métissages.

 

Une grand-mère polonosaise, vivant à Berck avec un mari chti. Je ne sais pas encore ce qui a poussé cette dame dans les bras d'un gars du nord.

Une maman française donc, qui fit des enfants avec un Guadeloupéen d'origine mélangée : une maman guadeloupéenne de souche, enfin disons descendante de la traite africaine. Et un papa indien, mais qui n'est pas venu comme les autres indiens de la vague d'immigration post-esclavage (entre 1854 et 1906), mais simplement parce que cet homme-là aimait voyager. Et c'est pour ça qu'ils'est séparé de sa femme, qui elle était casanière.

 

Notre petite Saro donc est tiraillée entre toutes ces cultures. Plus tard, elle veut être tandenceuse (à vos dictionnaires ou autres wikipédias). 

28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 21:44

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Je l'appelle Joël mais je connais pas son prénom, je ne lui ai pas demandé.

Beau garçon, peau noire, costaud, souriant.

 

Ce matin, samedi, je me retouve à la ferme Tibou. Anciennement une ferme exploitant de la canne à sucre et des bovins, depuis des années recyclée dans l'accueil du public, moyennant finances sonnantes et trébuchantes. Les têtes blondes, noires, rousses, chabines etc... peuvent rouler, sauter, grimper, ploufer, tobogger, pendant que les parents savourent un moment de farniente. C'était mon cas, et pendant que Swan travaillait sa double vrille au trampoline, je bouquinais, agréablement vautrée sur un autre trampoline. 

 

Disgression littéraire. Je lisais un livre pour enfants, absolument extra : Les Willowghby, de Lois Lowry. 

 

"Il était une fois une famille appelée Willowghby : une famille vieux jeux, avec quatre enfants. [...]

 

Barnaby et Barnaby étaient des jumeaux de dix ans. Personne ne pouvait les différencier et, comme en plus ils avaient le même prénom, c'était très compliqué. [...] 

 

Leur mère, qui était indolente et de mauvaise humeur, n'allait pas travailler. [...] Elle avait lu un livre un jour, mais elle l'avait trouvé déplaisant parce qu'il contenait des adjectifs. [...]

 

Un jour, ils (les enfants) trouvèrent un bébé sur le pas de leur porte. [...] - On pourrait l'emporter à la déchetterie, proposa Barnaby B. [...] C'est lourd les bébés ? [...] Leur mère, les sourcils froncés, ouvrit la porte du fond et sortit de la cuisine. - Qu'est ce que c'est que ce bruit ? demanda-t-elle. J'essaye de me rappeler les ingrédients du hachis parmentier et je ne m'entends pas réfléchir. - Oh, quelqu'un a laissé un ignoble bébé sur le perron, lui dit Tim. [...]

 

- Emportez-le ailleurs, les enfants, dit leur mère en retournant à la cuisine. Débarrassez-vous-en. J'ai un hachis parmentier à faire."

 

Et tout à l'avenant...

 

J'arrivais au passage où les jumeaux se plaignent que leur mère ne leur a tricoté qu'un pull pour deux, quand j'aperçus dans mon champ de vision un jeune homme se déplaçant à quatre pattes en poussant des cris assez perçants. La surprise passée, je compris que c'était un garçon handicapé, accompagné par un autre jeune homme sans doute chargé de l'emmener se distraire. Il semblait bien apprécier le trampoline, et je poursuivis ma lecture.

 

Quelques minutes plus tard, le garçon se précipita près de moi, et poursuivis ses jeux son mon trampoline. Son accompagnateur s'approcha, et m'expliqua en souriant que le jeune (un bébé de 9 mois dans un corps d'adulte) aimait bien qu'on lui lise des histoires... Je n'ai évidemment pas résisté à la tentation d'engager plus loin la conversation. Joël a commencé à travailler comme techicien agricole, mais a bifurqué vers le métier d'éducateur. Il s'intéresse surtout aux autistes, et aux handicapés lourds. M'explique que ce jeune de 20 ans est tombé de la table d'accouchement le jour de sa naissance. Qu'il s'en occupe deux jours par semaine, pour lui apprendre des petites choses (patienter à la caisse au supermarché, se laver les dents, bien se tenir au restaurant...) et l'emmener ballader. Il est passionné par ce boulot, qui consiste surtout à comprendre les autres, et à leur donner un coup de main pour vivre mieux.

 

Visage chipé sur http://dominiquedelouche.over-blog.net

 

5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 21:49

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L'îlet Cabri est une toute petite île de l'archipel des Saintes, lui-même rattaché à celui de la Guadeloupe.

A l'îlet Cabri, on rencontre des cabris, un chat roux, des couleuvres, une forêt à mancenilliers, flamboyants et gommiers rouges.

Au sommet, les vestiges d'un fort, et d'une tentative avortée d'hôtel.

Donnant sur la plage, l'ancienne maison qui servait de local technique pour l'hôtel dans les années 70.

Au fond du paysage, la mer, Terre-de-Haut et le Pain de Sucre (à droite sur le dessin).

 

Une délicieuse impression d'abandon.

 

J'avais pourtant fréquenté ce mouillage une bonne dizaine de fois. J'avais bien remarqué qu'au vieux ponton défoncé était amarré un petit voilier en contreplaqué. Et que quelqu'un semblait plus ou moins habiter dans la maison cachée dans le sous-bois.

 

Je n'avais pas dû bien ouvrir les yeux.

 

Samedi, je débarque sur l'îlet avec mon ami Philippe. Nous tombons sur un distributeur à poteries hi-tech. Procédure : 1- Prendre une poterie, 2- Mettre 5 € dans la boîte. Notre curiosité est évidemment piquée. Sur ces entrefaites arrive un homme jeune et avenant avec qui nous commençons à discuter le bout de gras. Il nous explique son atelier de poterie.

 

 

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L'argile arrive par une voie naturelle, une ravine qui débouche dans un bac attenant à l'atelier (à gauche sur le dessin). Après les pluies, il touille ce qui arrive dans le bassin, "comme du chocolat", puis tamise, et renvoie dans un bassin plus petit, auquel il ajoute de l'eau de mer. L'argile décante, et elle est mise à sécher lentement dans des bacs en bois.

 

Ulric s'est installé là il y a 5 ans. Il a quitté Terre-de-Bas à cause des éoliennes qui ont été installées près de son atelier : trop de bruit, et surtout trop de dérangement, les équipes de maintenance passant par chez lui.

 

Après les explications, il nous propose tout naturellement d'essayer de tourner. Je m'assieds sur le tour à pied, et j'arrive à faire quelque chose de la boule d'argile. C'est très agréable de patouiller dans l'argile mouillée. C'est ensuite l'étape de peinture, à l'aide de solutions argileuses assez liquides et colorées. La cuisson est prévue la semaine prochaine, et nous devrons attendre un vent favorable pour venir chercher nos oeuvres.

 

Ulric n'a pas le look marginal ou baba cool auquel on pourrait s'attendre. Il propose (sans jamais en parler, cf le distributeur de poteries) un modèle de pot de fleur mural, parfait pour les épiphytes. La forme est unique, mais les variations de motifs, couleurs et textures multiples.

 

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Nous amenons bien évidemment les enfants qui sont emballés par le fait de fabriquer de leurs propres (si l'on peut dire) mains des objets en terre. Et en plus, il y a une cible dessinée sur le mur, et on joue aux fléchettes avec des boulettes d'argile, qui viennent s'écraser mollement. Trop malade.

 

Voici donc le petit morceau de vie d'Ulric le potier.

 

 

5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 21:23

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Ca fait un petit moment que ça me trottait dans la tête, j'avais envie de partir en voyage dans ma rue.

 

Chaque fois que je fais un tour dans le quartier, mon regard est attiré par les cases. Elles sont ouvertes mais ne révèlent que peu de leurs secrets. Les passants familiers que l'on salue gardent aussi tout leur mystère. Quelle est leur histoire ? Qu'ont-ils à raconter ?

 

J'avais donc décidé de procéder méthodiquement : une fois par mois, frapper à une porte et essayer de tirer un portrait. Au bout d'un an, j'aurais déjà eu un joli recueil.

 

Le problème c'est que pour l'instant je n'ose pas.

 

Une occasion s'est quand même présentée ce week-end, je vous la livre dans le prochain article, ça sera le début de la série. Ca ne se passe pas dans mon quartier, mais peu importe.