Certaines journées apportent leurs lots de petits bonheurs.
Tout avait commencé avec Mademoiselle M, qui souhaitait aller passer en ma compagnie de l'eau et des pigments sur des feuilles de papier. Plaisir simple du barbouillage.
Une mise en condition s'imposait, avec trempage des corps dans l'eau chaude de la ravine Thomas. Se faire griller les petons sur une roche brulante contribua en partie à notre bonheur.
Après avoir bifurqué sciemment sur une route inconnue en direction du centre Selbonne, nous nous aventurâmes (et conscience) dans des chemins mal pavés, pentus, mais très bien famés : de belles petites cases modestes, comme on les aime. Quand soudain ! Un fromager nous fit signe de nous arrêter. Ce que nous fîmes derechef, n'écoutant que notre bon plaisir.
Le bougre ne manquait pas de piquants.
Ni de perspective.
Nous posâmes donc nos deux augustes popotins à l'ombre du fromager, le regarder fixé sur la ligne bleue des Vosges Mamelles. Ou autres monts, je ne suis pas très sure.
Petite digression tant que j'ai le micro. Etonnante cette roche. La pierre angulaire ? Quoi qu'il en soit, mademoiselle M et moi sortîmes notre attirail de parfaites peintres du mardi. Comme d'habitude, nous pestâmes contre le paysage qui change tout le temps de couleurs, contre la petit pluie qui nous interrompt au mauvais moment, et contre les fourmis dans les jambes.
Et pour couronner le tout, nous nous sommes tapées un Magnum double caramel en redescendant, attablées face aux îlets Pigeon. Fromager dessert !
Pour rejoindre le musée Picasso depuis la station de métro, le promeneur traverse une partie du Marais. Les rues sont parsemées de boutiques chic, galeries, sans oublier et caetera.
Il y a même des cours intérieures pas moches du tout.
Parfois des concepts étonnants. La fringue gallinacée, je ne connaissais pas.
Quelque chose dans l'air qui crisperait ces dames ?
Alors là nous tombons sur une boutique de perles. Comment résister à la tentation ?
Un coeur de pierre, mais un coeur de mère.
Tout va bien, je suis dans mon assiette.
Les pieds sur l'asphalte, la tête dans les lampions.
Ca vit d'air pur et d'eau fraîche un oiseau (Fugain, 1972).
La promenade est terminée. Attaquons le musée.
Le coin des artistes, international !
Figurez-vous qu'hier, j'avais rendez-vous à 15 (quinze) heures, avec Banksy. Ne me dites pas que vous n'avez jamais entendu parler de cet homme. Ne me le dites surtout pas !
Il s'agit d'un grafeur mythique, responsable de tas d'oeuvres illicites et magnifiques. Jusqu'à 2011, nul ne connaissait son apparence, malgré sa renommée. Un nom sans visage.
Eh bien moi (mwa), j'avais rendez-vous avec lui. Bon, je n'étais pas la seule. Il devait donner une conférence à une expo sur ma petite Guadeloupe, celle du "Pool Art Fair". En fait de conférence, c'est une fille qui lisait un texte en anglais et lui n'est pas venu.
Kass lann tyenn ! Une quarantaine d'artistes exposaient, et j'ai commencé par le premier, qui fut aussi le dernier. Etant mère de quelques enfants, j'essaye d'assumer ce difficile rôle. J'ai donc dû (jédondu) quitter les lieux précocément, pour aller chercher un des miens à l'aéroport. Mais j'ai quand même pu découvrir le travail de Bruno Coiffard. Ainsi que Bruno Coiffard lui-même. C'est ça qu'est cool dans les expos, on voit les artistes, qui sont d'ailleurs des gens comme vous et moi.
Mes amies Claire et Aude (qui avaient aussi rendez-vous avec Banksy) sont tombées sous le charme de ces graphismes. Mi-BD, mi-mandalas, mi-autre chose (ce qui fait 3 demis, c'est pour vous dire comment c'était pas mal du tout). Je n'en dirai pas plus, un petit dessin valant mieux qu'un long discours.
La dernière n'est pas une oeuvre de Bruno Coiffard, juste une création céleste (le staff).
Le coin des artistes n'a pas de complexes. Il vous présente un micro extrait de l'oeuvre de Pablo Picasso. Capturé lors d'une toute petite visite au musée du même nom, situé dans un quartier bien abréable, celui du Marais.
Trop cool (on est jeune ou on ne l'est pas), ma soeurette a des tickets vacances qui nous permettent d'entrer dans les lieux sans bourse délier.
Nos langues par contre sont déliées, et nous permettent d'échanger nos impressions. Il faut dire que ma soeur et moi sommes en général bon public, et un brin exaltées.
Il y a de quoi, le bougre faisait de tout, en quantité et en qualité.
Il se répète souvent, mais son radotage est bienvenu.
La jeune fille est indulgente et le monsieur perplexe.
Destins parallèles ?
Ou croisés peut-être.
Creusé ou dépouillé.
Cherchons à comprendre, il en restera toujours quelque chose.
Femmes femmes femmes.
Des femmes encore.
Monde intérieur multi-forme.
C'est tout pour aujourd'hui. Merci Pablo.
Le coin des artistes - Rencontre improbable.
Cette femme est souriante. Le temps d'une discussion, elle a retrouvé ses souvenirs, et le goût de vivre.
On aperçoit un fauteuil roulant et le personnel soignant. Nous sommes aux Saules, où je suis allée aujourd'hui rendre visite à mon petit Papa. Dès que je l'ai réveillé, il a compris qui était là, et a suivi son fil avec pas mal de verve. Cette fois, le thème était l'Angleterre, je ne sais pas pourquoi.
Face à nous une femme. Triste, fâchée. "J'en ai marre, je donne ma démission, je veux rentrer chez moi, je suis fatiguée". J'entame la conversation. Son esprit s'effiloche mais nous arrivons à quelque chose au bout d'un moment. Comme elle ne sait plus où elle habite, elle me montrer une carte où est inscrite son adresse. J'y lis aussi qu'elle est artiste plasticienne et je jette un oeil sur Internet. J'en reste baba.
Pas rien. Nait et passe son enfance à Tunis. Etudes d'histoire de l'art à la Sorbonne. Certificat d'archéologie, d'art du Moyen-Age, d'art moderne, d'esthétique et philosophie de l'art.
Etudie le dessin à l'atelier Charpentier, élève de Paul Colin.
Présidente du Comité National Français des Arts Plastiques de l'UNESCO.
J'en passe, encore plein de titres.
Ah oui, prix de la tapisserie française.
A évoquer sa vie, elle retrouve son allant. Je suis invitée chez elle. Elle n'a pas compris encore que chez elle maintenant, c'est ici. Je lui promets de retourner la voir.
Les autres pensionnaires ont surement aussi de belles choses enfouies en eux, mais ils ne les partageront plus.
Ces lieux ne sont pas aussi tristes qu'on pourrait le penser.
Presque ma cousine. Quand elle était petite, je l'ai secourue : enfermée dans les toilettes de la maison de campagne. Etant moi-même à cette époque guère plus haute que 4 pommes et demi, j'ai pu entrer en me faufilant entre les barreaux du fenestron. Et je l'ai libérée !
Après nous être perdues de vues pendant quelques dizaines d'années, le contact fut rétabli. Madame n'est pas idiote, elle vit maintenant au Maroc, à Marrakech. Est donc marrakchi(e ?).
Marrakchie et néanmoins artiste, ce n'est pas incompatible.
En témoignent ces photos.
Le coin des artistes accueille un petit nouveau. Thierry, alias Téhachepé.
Il s'est ici essayé, pendant un week-end pluvieux, à peindre cette grande pièce de mon enfance.
La même pièce sous un autre angle, et cette fois sous le pinceau de ma soeur.
La pluie peut avoir du bon.
Nous continuons à tourner en rond dans le coin des artistes. La quadrature du cercle est bientôt résolue.
Jade a 10 ans. C'est peu. Mais elle a déjà acquis une quantité de compétences invraisemblable. Capable de sautiller en rigolant des heures durant. Capable de ne rien oublier en partant skier. Capable de rester en bonnet et robe de chambre toute la journée.
Et puis elle s'est mise à la peinture à l'huile quand elle a le temps (pas souvent).
Voici, vue par Jade, l'Aiguille du Midi. Tonitruant non ?