16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 13:27
Vue de la Perle en 2015, la topographie de la plage a un peu changé

Vue de la Perle en 2015, la topographie de la plage a un peu changé

Petit moment vécu hier.

 

Déjà la journée avait bien commencé : brunch à la plage de la Perle avec mes kids et leurs amis. Lumière infernalement belle, petit café et pancakes (la bouffe est un sujet important chez eux), bain dans l'onde cristalline, et partie de spikeball (j'ai perdu mais ai gagné un gnon sur le tibia, en cherchant à rattraper la balle).

 

Je quitte la petite troupe en cours de journée pour retrouver mon antre sauvage. Je prends un gars en stop, me disant que le temps passera plus vite ainsi, quelques embout's sont prévus sur la zone de la Boucan.

 

Ça démarre très gentiment "Mais c'est le bon dieu qui vous envoie !" me dit-il en s'installant à bord de mon petit bolide couleur aubergine.

Pièce de canne à sucre en fleurs, en 1990

Pièce de canne à sucre en fleurs, en 1990

Nous arrivons très vite à des sujets passionnants. Notamment, le fait que maintenant, les champs de canne à sucre ne fleurissent plus comme dans le passé, de nouvelles variétés ont été préférées. Car qui dit floraison dit énergie dépensée par la plante, et donc moins d'énergie pour la fabrication du sucre. C'est la faute au capitalisme en quelque sorte si nous nous trouvons privés de ces paysages de novembre.

J'ai fait mon service avec Jôni

Imaginez ces champs neigeux onduler sous l'alizé.

 

Mon petit monsieur, qui m'avoue entretemps qu'il est octogénaire (dingue, pas un cheveu blanc), me dit que ces cannes d'antan était très tendres à croquer, il évoque la variété "Biscuit". Et comme il est malin, il a senti le vent tourner et a mis quelques-unes de ces cannes dans sont jardin, pour continuer à en profiter.

Nous parlons aussi de ce temps, que j'ai connu, où la canne était entièrement récoltée à la main. Là il n'y a pas de regrets à avoir. Des armées de journaliers arrivaient dans les champs sur leur Grenat, le plus couverts possibles car la canne envoie des petites épines de silice à qui la frôle. Et, sabre en main, coupaient tout le jour sous un soleil de plomb. Les femmes en général étaient les amarreuses (fanm ka maré kann : les femmes lient les cannes, en sorte de fagots, avant qu'elles ne soient chargées dans les remorques).

 

Bref, un boulot de chien, directement hérité du temps des habitations et de l'esclavage.

Merci http://www.leblogdecom.fr/

Merci http://www.leblogdecom.fr/

Je me rends compte que j'ai écrit un article sur les Gréna et la coupe manuelle de la canne il y a quelques années voir là.

Je reviens à mes moutons après cette digression historico-socio-agronomique.

 

Mon stoppeur me lâche qu'il a vécu deux ans en France, quand il faisait son service militaire, dans l'est et en Allemagne. "J'ai fait mon service avec Jôni". Je n'en crois pas mes oreilles. "Johnny Halliday ?" lui demandé-je. Oui. Même que Sylvie est venue une fois, et ils ont fait un concert tous les deux. Et d'autres fois, il y a eu des spectacles avec Adamo, et avec Annie Fratellini. Et de me citer un titre d'Adamo qu'il aimait bien. Tout ça devait se situer au début des années soixante.

 

Je l'ai laissé au bord de la route, en le remerciant intérieurement de m'avoir offert ce moment.

 

 

19 juillet 2023 3 19 /07 /juillet /2023 00:06
Y'a pas urgences

Enfin si, un peu quand même.

 

La journée avait commencé avec un charançon en orbite sur un anneau de Saturne, bizarrement proche de la Lune.

 

Je ne suis pas allée plus loin dans l'analyse de ce phénomène merveilleux, mon smart-faune ayant été pris de convulsions, sous forme d'une sonnerie d'appel.

Y'a pas urgences

Que diantre, un ami est aux urgences, et qu'ai-je d'autre de si important à faire que d'aller donner un coup de main ? Je lance quand même un café, sachant d'expérience que les sessions urgences sont à durée indéterminée. Egalement le temps de photographier une incroyable fleur qui m'avait fait de l'oeil par la fenêtre.

Y'a pas urgences

Par chance, la première blouse blanche que je chope en arrivant est celle du médecin urgentiste. Je lui vrille aussitôt mon regard de braise n°37, celui auquel nul ne peut résister. Il tente un "c'est la fin de mon service" mais il sent bien que mes filets se resserrent autour de lui. Il prend donc 5 minutes de son temps, ce dont je le remercie sincèrement, pour m'expliquer ce qui se passe. Ouf, rien de trop alarmant mais une batterie de cuisine de tests s'avère tout de même nécessaire.

 

Je comprends donc que je ne suis pas sortie de l'auberge, et j'en profite pour aller voir si le bateau n'est pas trop plein d'eau. Et puis tiens, je pique une tête dans la mer pour dire un petit et rapide bonjour aux trois carangues qui se battent en duel à la plage de Rivière-Sens. Et pour finir, je fais un crochet par la librairie, et ses marches joliment carrelées. J'en ressors avec 5 (cinq) Toni Morrisson, et un Julien Sandrel pour un peu de futilité (dans futile, il y a utile).

Y'a pas urgences

Me revoici donc aux rgences (le U est tombé).

 

Je mange mon sandwich en commençant le bouquin futile, que je termine aussi sec.

 

Parfois un peu distraite par un jeune homme hors normes, qui a dû enlever son pantalon une bonne dizaine de fois en l'espace d'une heure, en émettant des sons semblables aux gloussements de certains dauphins. Malgré ça, il était d'une certaine beauté, et est venu à un moment se rassurer près de moi, en me tenant le poignet. Petit drame, il profite d'un moment d'inattention des soignants pour subtiliser une madeleine à une patiente, et l'engloutir tout de go. Fort délicat, car il était censé partir au bloc opératoire.

Y'a pas urgences

Les heures s'égrènent, ponctuées d'autres rencontres. Les guadeloupéens ont le verbe facile. Les conversations s'initient, les solidarités aussi.

 

Un jeune marginal édenté, canette de bière à la ceinture, fait son entrée sur une civière. Il a dû être ramassé par les pompiers, il ne semble pas amoché. Il entame la conversation avec moi, et décrète à plusieurs reprises que je suis sociable. Et que le monde tournerait plus rond si tout le monde était comme moi. Beau compliment, je rosirais volontiers.

 

Et enfin, je me fais deux amis plutôt septuagénaires. Un certain Jean-Claude, qui me demande si je lui écris quand je prends deux-trois notes en prévision de cet article. Et Jocelyne, une chabine qui trouve la ressource pour discuter bien qu'elle attende d'être prise en charge depuis quelques heures.

 

Beaucoup d'humanité et de drôlerie au CHBT, malgré tout ce qui s'y joue. 

21 mars 2023 2 21 /03 /mars /2023 14:30
Les risques de l'auto-stop

Laissez-moi 

Vous conter

Ce qui m'est arrivé

 

Roulement de tambours, mon dieu la pauvre petite s'est-elle fait fait agresser ?

 

Hier, après une matinée fort plaisante à Basse-Terre et Rivière-Sens (mais quel sens ?), je repris la route au volant de ma Fiat 500 aubergine (ça doit faire une belle ratatouille).

 

Un monsieur en plein cagnard avait le pouce levé

Alors je l'ai fait monter

Gourbeyre c'est la que je vais

Me dit-il soulagé

 

Bref j'arrête les rimes. Un charmant petit monsieur, bavard et joyeux.

 

Le trajet nous a permis d'échanger quelques vues sur la vie en général, puis il a fallu s'arrêter un peu en chien sur le bord de la route. Au revoir, merci ! Je démarre, un coup d'oeil dans le rétro et je le vois au loin qui fait un grand geste du bras. Sans doute pour saluer une connaissance.

 

Je termine le trajet en écoutant Fabrice Drouelle, l'histoire d'un gourou allemand pédocriminel ayant sévi pendant 40 ans dans une secte au Chili. Amis de la poésie bonsoir.

 

Quel fut donc le crime de mon auto-stoppeur ? En reconstituant les faits, voici mon hypothèse.

 

J'avais laissé traîner mes sandales à l'avant, au niveau de la place passager (ça c'est un fait).

Le monsieur (appelons-le Hector), en descendant un peu à l'arrache, a fait tomber une de ces magnifiques sandales de marque Les Tropéziennes, acquises il y a peu.

Se rendant compte de sa bévue, il me fit un grand signe, que j'interprétai comme ne m'étant pas destiné. 

 

Voilà comment aujourd'hui je me retrouve à moitié va-nu-pieds. 

 

 

 

 

 

 

30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 00:43
Dessin d'Adolphe Millot, "Nouveau" Larousse illustré 1897-1904

Dessin d'Adolphe Millot, "Nouveau" Larousse illustré 1897-1904

Je vous le dis mes biens chers frères, pas facile en ces temps de rézossossio de reprendre véritablement sa plume pour écrire les choses incroyables qui m'arrivent presque tous les jours.

Oui, il est plus facile de poster (pas dans la boîte jaune de la Poste, s'entend) donc je disais de poster une photo avec deux lignes d'explications, que de revenir sur les évènements du jour, et vous les offrir en pâture sous forme quand même un peu réfléchie et ciselée.

De mémoire, pas fastoche de dessiner sous l'eau

De mémoire, pas fastoche de dessiner sous l'eau

Venons-en au fait me direz-vous. Enfin moi c'est ce que j'aurais dit.

Aujourd'hui, et encore pour 3h13, c'est dimanche. Parfois, et certaines fois souvent, mais à d'autres moments presque pas, le dimanche, je vais nager. Je chausse mes immenses palmes, avec au moins deux paires de chaussettes pour ne pas les perdre, mon max et mon tuba. Et je me mets à l'eau telle un cane empotée, essayez de marcher sur des rochers avec des pieds de 83 cm de long (je viens de vérifier) et vous verrez si vous conservez votre grâce naturelle.

Aujourd'hui comme la plupart du temps, c'était à l'Anse Colas. Normal, c'est à peu près le plus joli spot tous critères confondus (eaux calmes, fonds variés et riches, jolie vue sur les îlets Pigeons et les falaises, et fréquentation de la mer proche de zéro). Sauf bien sûr par toutes les bêtes, plantouses et animalcules que l'on rencontre là-dessous. Je ne vous en fais pas la liste, vous seriez lassés, ou verts de jalousie.

Lui c'est le barracuda du coin, respect je ne fais pas la maligne

Lui c'est le barracuda du coin, respect je ne fais pas la maligne

Hé bien aujourd'hui j'ai fait une rencontre tout-à-fait extraordinaire. Je baguenaudais dans l'onde quand même relativement fraîche (au plus froid de l'année c'est-à-dire en ce moment, la température de l'eau tombe à 26 degrés, ce qui nous oblige mes camarades et moi à nous couvrir un peu). Ne riez pas, c'est la vérité vraie.

Je bullais donc entre deux eaux (peut-être plus que deux d'ailleurs) quand mon oeil (droit je crois) fut attiré par un objet blanc au fond de l'eau, qui me fit furieusement penser à un oeuf de poule. J'entends déjà les commentaires.

Je me fendis alors d'un magnifique canard pour atteindre le fond de la mer, qui par chance n'était qu'à quelques mètres de là. Et je remontai fièrement avec ma pêche miraculeuse : effectivement un oeuf de poule. 

 

J'attends donc de votre part des hypothèses pour expliquer cette bizarrerie.

Droit devant les ch'tites langoustes

Droit devant les ch'tites langoustes

A la fin de la balade, j'ai rencontré d'autres créatures, moins extraordinaires, mais beaucoup plus mignonnes : une petite famille de 7 langoustes, comprenant 3 bébés et 4 enfants. A peine cachées sous un rocher, par 3 mètres de fond. 

Et là où c'est moi qui suis verte, c'est que mes amis ont vu en revenant une immense raie. Un beau cadeau que l'univers leur a fait, et compensera un peu leur tristesse de quitter demain, "définitivement" (terme consacré), la Guadeloupe. 

3 septembre 2022 6 03 /09 /septembre /2022 23:22
Une des victimes, avant décapitation

Une des victimes, avant décapitation

Ingrédients

 

  • 1 rivière bordée de néfliers du Mexique
  • 1 Émilie pourvu d'un jardin, lui même pourvu d'un arbre à pain
  • 1 Ruddy aimant fabriquer des farines et des sucres
  • 1 vieux fond de cacao en poudre pas trop moisi (non sucré bien sûr)
  • 1 ou 2 ex-collègues tolérant ma présence occasionnelle dans le verger d'agrumes

 

Mode opératoire (certifié NF S 96-6000)

 

Aller ramasser les nèfles avant que les oiseaux ne le fassent, sans oublier de saluer le voisin.

 

Aider Émilie à décrocher un gros fruit à pain, et le laisser ramollir pendant quelques jours (donc il vaut mieux commencer par ça hein). Émilie elle ne se ramollit pas.

 

Confectionner et étaler ce qu'on pourrait appeler une pâte à tarte avec le fruit à pain (prononcer fruit tapin), la farine de patate douce, le cacao, et un chouïa de de sucre au gingembre.

 

Décapiter sans pitié aucune les 48 nèfles et les citronner pour éviter qu'elles ne prennent une vieille couleur marronnasse peu ragoutante.

 

Les placer joliment (de votre point de vue) sur la pâte, et ajouter un peu mais pas trop ni trop peu de sucre au gingembre.

 

Enfourner derechef ou illico presto si la lune est montante et faire cuire grosso modo ma non tropo comme une tarte aux pommes sauf que là c'est des nèfles !

3 juin 2022 5 03 /06 /juin /2022 12:31
Action

Un drame se joue à l'instant sous mes yeux (et mes oreilles).

 

Chant de cigale1 strident, un Pipirit2 a capturé la chanteuse au vol. Puis des tap-tap-tap, l'oiseau (de la famille des Tyrans, je n'invente rien), maintient le coriace hémiptère entre ses mandibules pour ne surtout pas le laisser s'échapper. Il le martelle sur la branche d'un Bois-canon3 mort. Ainsi la grosse cigale est tuée et dépecée avant ingestion ! Tel le tourteau mais sans la mayonnaise. Le tout dure quand même quelques minutes. La scène se termine par un nettoyage de bec (c'est gras les insectes) sur la branche. Rideau !

 

Une seule heure, un seul lieu, un seul fait accompli, ont tenu jusqu'au bout le théâtre rempli. 

 

Pour les amoureux des noms latins :  Fidicina mannifera2 Tyrannus dominicensis3 Cecropia schreberiana

27 octobre 2021 3 27 /10 /octobre /2021 15:06
Oppression

L'oppression, c'est bien le pouvoir exercé par une personne en situation dominante ?

 

Samedi matin, bureau de poste de Roujol

Moi - Bonjour, je viens chercher un recommandé

Elle - Vous avez le papier de la préfecture qui prouve l'existence votre association ?

Moi - Heu non, mais il y a mon nom, et d'habitude vous ne me demandez pas ce papier

Elle - C'est le règlement

 

J'avale la couleuvre (longue de 20 minutes d'attente), et rentre chez moi la queue (de couleuvre) entre les jambes.

Oppression

Lundi matin, bureau de poste de Roujol

 

Moi - Bonjour madame, je viens chercher un recommandé

Je fournis le précieux papier de la préfecture. Elle l'examine au bat mot une bonne minute, le retourne dans tous les sens (bien qu'il n'en ait que deux) 

Elle - Il n'y a pas le tampon de la préfecture

 

Je jubile intérieurement

 

Moi - Je me doutais qu'il y aurait un problème, voici une autre version avec tampon

A nouveau scrutation scrupuleuse, qui n'en finit pas. Elle ne me demande pas de test ADN mais c'est tout juste.

Elle - Vous pouvez enlever vos lunettes de soleil ?

Moi - ??? Vous êtes de la police ?

Elle - On ne voit pas vos yeux avec les verres noirs (ndlr : elle voulait j'imagine comparer mon doux visage à celui figurant sur ma carte d'identité)

Moi - Ha mais vous êtes forte, vous pouvez me reconnaître avec mon masque ?

Elle - Signez là, là et là

 

J'ai failli signer "Prout" mais j'ai eu peur que ça m'empêche de récupérer mon recommandé. 

 

C'est bien ça, la peur est le moteur du couple oppresseur-opprimé

16 juin 2021 3 16 /06 /juin /2021 21:26

Sur une idée de Maud. 

Oui, des dessins peuvent évoquer des haïkus, par leur dépouillement et presque spontanéité.

Je vous fabrique en direct celui d'aujourd'hui

Haïkuarelle

Tiédeur du flot

Clapot, vase, puis herbiers devinés

Un tout petit poisson jaune me pilote

Rapide entre mes bras battants

Et me rassure

8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 00:00
Petit morceau de terre

Accueil du sable humide

Ce n'est plus le temps des pélicans

A la pointe, les bourrasques sont inscrites

Dans la couleur des flots

8 septembre 2020 2 08 /09 /septembre /2020 20:26
... des fleurs de mon jardin (Françoise Hardy)

... des fleurs de mon jardin (Françoise Hardy)

On ne joue pas au loto, mais bingo !

 

La fameuse orchidée a choisi cette année le 8 septembre pour fleurir massivement et de façon simultanée, en Guadeloupe tout au moins.

 

Autant de petites elfes blanches

Se balançant 

Au gré du vent

 

Mon ami Philippe - et néanmoins meilleur spécialiste du monde des Orchidées de Guadeloupe (une centaine d'espèces sauvages, il les connaît par coeur), me livre ce secret à l'instant, sous une forme plus scientifique mais tout autant poétique :

Dendrobium crumenatum

Elle fleurit 9 jours après une chute brutale de température de 10°C

Jolies et parfumées mais éphémères

 

Et d'ajouter que c'est une espèce exotique naturalisée, originaire d'Asie, que certains ont jugé bon de classer envahissante (ce qu'elle n'est pas, sauf dans les jardins).

 

En 2016, c'était le 14 septembre... Voir