5 août 2019 1 05 /08 /août /2019 22:51
Ne vous embranchez pas dans le doctorat, m'a un jour dit Madame Irma

Magie du rangement. J'exhume une copie double petit format, perforée, à grands carreaux, d'un joli jaune pisseux. Une rédaction de classe de 5ème, datée du 8 mars (par déduction, 8 mars 1971).

Ecrite de ma main, surement encore potelée à 12 ans !

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"Un jeudi soir, ma soeur se déguisa en Gitane. Elle se farda et s'enrubana le visage d'un foulard rouge sang. Elle me tira les cartes, lut les liges de ma main et observa sa boule de cristal qui n'était autre qu'un ballon posé sur un petit support de bois.

 

Elle avait confectionné un petit panneau de carton où étaient rédigés les mots : Irma Fatima, la voyante qui vous prédit l'avenir pour pas cher (le prix n'était pas mentionné).

 

J'arrivai, m'installai, et lui demandai quel métier , à son avis, je devrais pratiquer "quand je serai grande". Elle me répondit d'un ton solennel :

 

"Tendez votre main gauche. Je vois... une petite lige qui montre que vous n'aimez pas voir souffrir les personnes qui vous entourent [là la prof devait commencer à se lasser : Tout ce passage est amusant. Mais trop long]. Vous vous efforcez de soulager votre entourage par des paroles réconfortantes et par des petits soins. J'en déduis que votre vocation est la médecine. C'est un métier honorable, bien payé mais les études sont longues : sept ou huit ans si vous ne redoublez pas de classe. Mais la pensée de soigner et... qui sait de sauver des personnes ne vous emplit pas d'une intense satisfaction ? "[Quelle fayote je faisais].

 

"Ce métier vous prendra beaucoup de temps et vous devrez vous lever tôt (chose abominable pour moi). Vous serez peut-être appelée pour une urgence au beau milieu d'un repas, de la nuit, ou d'une soirée tranquille...!!!"

 

"Si vous êtes impressionnable, ne vous embranchez pas dans le doctorat [lol + !]. Je lui réponds que je n'aime pas spécialement me trouver en face de sang, mais, de là à me trouver mal à sa vue..."

 

Elle reprit : J"e vois dans ma boule que vous êtes persévérante et vous ne vous découragez jamais (ou presque). Ce don vous sera utile dans vos études... La visite est terminée, vous me devez cent francs."

 

C'est difficile de s'orienter dans un métier sur un simple conseil de sa soeur.

 

C'est notre avenir qui est décidé quand on commence ses études et il faut bien réfléchir [Quelque peu excessif écrit la dame]. Et... réflexion faite, j'ai encore le temps."

 

Résultat : 11/20. Vous avez présenté ce devoir d'une manière originale. Il y a de bonnes idées. Quelques exagérations. La conclusion est hâtive et manque un peu de clarté.

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Damned, j'ai été démasquée.

11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 22:14
Il n'y a pas si longtemps

Encore un peu de tri dans l'appartement où j'ai grandi avec

mon père,

ma mère,

mon frère-eu et ma soeur

oh oh, et c'était le bonheur

Et -il y avait aussi Père-Georges et Lala (les parents de mon père).

Petite digression pour saluer la mémoire de ma petite Maman, qui a dû supporter sans broncher (à l'époque, on bronchait peu) sa belle-mère. Cette dernière avait des côtés attachants, mais - excusez l'expression - quelle peau de vache avec ma mère. C'est dit !

Alors comme maintenant mes parents ne sont plus de ce monde - ni d'aucun, excepté celui de mon coeur - nous allons vendre cet appartement. Le plus gros de son contenu est vidé, vendu, trié. Mais il reste encore toutes les photos. Dont certaines très anciennes, dans des albums de cuir magnifiques.

 

Par chance, mon grand-père a écrit sur certaines photos qui elles représentaient. Voilà c'est donc pour ça que je peux vous présenter cette femmes ravissante (ha, c'est pour ça que je suis belle comme le jour !), il s'agit de mon arrière grand-mère.

 

J'essaierai de retrouver dans l'arbre généalogique (une autre histoire que je dois vous raconter) quel était son prénom. 

7 juin 2017 3 07 /06 /juin /2017 00:02
Roland et Georges
Roland et Georges

Roland et Georges

Roland Dorgelès : 1885 - 1973

Georges Pavis : 1886 - 1977

 

Contemporains donc.

 

Le premier a écrit "Les Croix de Bois", un récit du quotidien des soldats durant la guerre de 14-18. Ha, j'apprends sur wikipédia qu'il a ensuite travaillé au Canard Enchaîné !

 

Le second, mon grand-père, a illustré ce livre de guerre. J'en ai un exemplaire unique, avec des dessins originaux supplémentaires. Je suis tombée dedans depuis quelques jours, et je ne peux m'en détacher. Ce ne sont pas seulement des récits de combats et descriptions des collègues morts dans le champ de betteraves. Mais aussi leur vie de tous les jours. Incertaine, gouailleuse, accompagnée des "poux" (plutôt des morpions je crois), la soupe servie en retard, le vin indispensable, l'espérance de rentrer chez soi (et pourtant nous ne sommes qu'en 1915 pour le moment).

 

Je ne sais pas si mon grand-père et Dorgelès étaient dans la même compagnie et ont vécu ensemble les tranchées et le reste.

 

Mais je lis de façon appliquée ce récit, je vois tous ces dessins à la fois magnifiques et terribles. Je dois poursuivre cette lecture, et pour une fois je lis lentement. 

Je n'en reviens pas, ce livre a failli à avoir le prix Goncourt en 1919 ! Coiffé au poteau par ce bellâtre de Proust, et ses Jeunes filles en fleurs. Moi j'aurais préféré les hommes des tranchées aux jeunes filles en fleurs.

 

Je peux donc me vanter d'avoir failli avoir un grand-père illustrateur d'un prix Goncourt !

 

Je suis néanmoins de plus en plus fière de lui, avec qui j'ai vécu jusqu'à l'âge de 18 ans, l'année de sa mort. Et qui m'a donné le goût d'observer et dessiner ce qui m'entoure.

29 décembre 2016 4 29 /12 /décembre /2016 14:57
Les mains du miracle

"La Feuillade, lundi

Chers amis,

Mes invités de la première heure viennent de partir... J'ai obtenu 3 tickets donnant droit à 30 litres d'essence - Rien ne vous empêche plus de partir et Claude dans sa carte me dit qu'il pense rentrer vers le 20.

J'attends un mot de vous me fixant l'heure de votre arrivée.

A bientôt le plaisir de vous revoir.

Bien affectueusement,

Maguy"

C'est le texte d'un petit billet gris pâle daté du 14 août 1946, et adressé à mes grands-parents paternels. Ce billet était affranchi avec un timbre à 3 francs, des anciens francs bien sûr. Donc 3 centimes de francs, soit un demi centime d'euro.

La Marianne du timbre de 1946 est moins stylisée que celles de 2016, mais elle a toujours la même mine rouge. En ce temps-là, on se donnait rendez-vous par courrier papier, plusieurs jours à l'avance. Je sais que cette Maguy était une amie de la famille des parents de ma mère, et qu'elle avait une belle maison - La Feuillade - dans la campagne proche d'Orléans. Ville où habitait ma mère avant son mariage. L'allusion aux tickets de rationnement m'a étonnée, je croyais qu'ils n'étaient plus en usage après la guerre.

Le billet a mis 5 jours pour faire le trajet de Saint-Jean-De-Braye à Versailles. Puis plus de 69 ans pour atterrir sous mes yeux, lorsque j'ai ouvert un livre emprunté chez ma sœur Michèle la semaine dernière. Les tournants de la vie nous ouvrent souvent les yeux sur de petits signes. J'étais à Versailles pour enterrer notre père, grand-père, ami, allié, ce que nous fîmes d'une façon qui lui aurait surement plu.

Le livre dans lequel se trouvait le billet était Les Mains du miracle. Que je dévorai en deux temps trois mouvements (le livre, pas les mains ni le billet), et que je viens de terminer dans mon Paris-Pointe-à-Pitre. C'est écrit, mes lectures dans l'avion du retour ont souvent un goût de coïncidence.

Les Mains du miracle ont été écrites par Henri Troyat à Versailles en 1959 - ma ville et mon année de naissance - puis publiées chez Gallimard en 1960. Il s'agit d'un récit documentaire qui se déroule pendant la deuxième guerre mondiale. Mais on jurerait un roman, il a tous les ingrédients pour vous tenir en haleine et le cœur battant jusqu'à la dernière page. Les protagonistes en sont Himmler - le tristement fameux n-1 d'Hitler - et Félix Kersten. Cet heureux Félix, natif de la vieille Russie, en soignant Himmler cinq années durant, a fait des miracles.

Juste croyez-moi. Et pour en savoir plus, courez telle une amazone (.fr) vers la librairie la plus proche.

Post-scriptum de Frédéric Begbeider, qui m'a également tenu compagnie sur l'Air France 767 :

"Ma vie est nettement plus intéressante depuis [...] que je côtoie des gens qui vivent pour pouvoir lire, et lisent pour pouvoir écrire, et écrivent pour pouvoir vivre".

Conversations d'un enfant du siècle, 2015. Editions Le Livre de Poche - 7,90 €.

15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 00:37
Maison Murville

Je partais faire un peu de sport. Quoi de plus naturel que de vouloir oxygéner ses petites alvéoles pulmonaires, tout en renforçant par la même occasion son galbe fessier ? Je pose la question.

 

Baskets aux pieds, sac au dos sans trêve, j'emporte mon hibou... non je me trompe, ce n'est pas ça. J'emporte au cas où mon matos de dessin et mon petit trépied pliant.

 

C'était en quelque sorte prémédité. Le sport s'est transformé en une partie de jambes en bas. J'ai pris mon (tré)pied, face à la Maison Murville, je me la suis faite. 

 

Le matin même, j'étais passée en voiture dans le secteur avec l'infâme Fanch (qui m'avait quand même apporté de la brioche), et lui avais montré la maison en passant. F l'infâme aime bien le patrimoine bâti traditionnel antillais. Les cases créoles quoi.

 

Alors mon inconscient a fait le reste, et a confondu sport et mémoire. J'ai eu un peu de mal avec ce dessin, mais finalement je ne m'en suis pas si mal sortie. J'aime particulièrement la frise de la façade, qui contraste bien avec l'intérieur de la terrasse.

 

Quelque chose bien sûr me lie à cette maison. Qui part un peu en vrille depuis bientôt dix ans que son locataire Daniel est parti voir ailleurs. Aujourd'hui, son fils Jérémy a écrit très joliment "Si pour certains leur dernière demeure se situe six pieds sous terre, cette case-là était sa véritable dernière demeure".

9 juin 2015 2 09 /06 /juin /2015 19:58
Papaouté ?

Sur les marches de l'église de Grand-Bourg à Marie-Galante, il y a 10 ans.

 

Le 9 juin c'est ton anniversaire Papa. Année de naissance : 1926, ce qui nous fait 89 ans. Pas mal.

 

Je ne suis pas assez près de toi pour venir te le souhaiter. Je t'imagine déjà si je débarquais à la maison de retraite.

 

"Oh ça alors ! C'est formidable. Mais ça me fait quel âge ? C'est pas possible !".

 

Depuis que tu es entré aux Saules, je trouve que tu as trouvé une certaine paix. Avec ton talent, tu maquilles ta réalité, et elle te paraît plus facile.

 

Comme tu le dis toi-même, tu es plutôt vers la fin. J'aime bien parce que tu le dis en riant. Il y a eu des choses lourdes dans ta vie, qui nous ont façonnés nous tes enfants. Qui ont pu faire quelques dégâts, sans doute moins graves chez moi qui suis la dernière née. 

 

Mais je sais que tu as tout fait pour bien nous élever, et que l'amour a toujours été là.

 

Bon anniversaire Papa, et merci pour tout ça. Quelques souvenirs de cette virée à Marie-Galante en février 2005, un jour de semaine avec toi. Nous avions découvert par hasard ce petit resto les pieds dans le sable à Saint-Louis et tu avais trouvé ça merveilleux.

Papaouté ?
Papaouté ?
Papaouté ?
Papaouté ?
Papaouté ?
Papaouté ?
Papaouté ?
Papaouté ?
12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 00:23
Sweet little Rémi

Le 12 mais 1995, naquissait un très beau bébé. Sa maman le voyait grandir à toute allure, il ne resta pas très longtemps dans son couffin.

 

Ce bambin vers l'âge de 2 ans avait pour habitude en se levant d'aller s'asseoir par terre sur la terrasse pour bouquiner tel ou tel livre d'images. Il n'avait que très peu de cheveux à cet âge. Et la plupart du temps un grand sourire aux lèvres.

 

Par la suite, ses parents indignes le mirent à la crèche. Il n'était pas ultra-joyeux quand il y arrivait, et allait s'asseoir sagement, mais avec un petit air grave, toujours sur le même banc. Il se rappelle encore l'épisode de la porte qui se referma cruellement sur son annulaire.

Ensuite, tout alla très vite, et on peut dire que la machine de la vie s'emballa.

Ecole de la Lézarde et ses petits uniformes à carreaux bleus, rouges, verts. Collège de Gourdeliane dans les champs de canne à sucre. Lycée Coeffin et ses sculptures de chaises.

Entretemps, notre héros s'était investi avec plus ou moins de plaisir dans l'équitation, l'Optimist, la natation, le foot entre amis, et plus récemment, le kick boxing et la muscu.

Alors je vous prie de croire que le Rémi est bien balancé.

Ses parents n'ont pas eu beaucoup de souci à se faire pour lui. Ses parents sont aujourd'hui ultra-fiers de son parcours et de sa ténacité. Et ses parents sont surtout touchés par sa gentillesse et son ouverture au monde.

 

Je n'aurais jamais cru que tu aurais eu si vite 20 ans mon doudou.

Je te souhaite un super anniv, ton élan est pris et je suis confiante.

8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 16:56

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Le 8 novembre 1924 naissait une certaine Marcelle Golfier.

 

Que savons-nous de cette personne ?

 

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Son père, Pierre, tenait un salon de coiffure à Orléans, au 41 rue de la Bretonnerie. Sa mère, Marie-Louise, était mère de famille, et avait perdu son fils âgé d'un an, le frère de Marcelle, à cause d'un vaccin.

 

Pendant la guerre, Marcelle qui avait une quinzaine d'années, a vécu les bombardements. Il y avait la sirène qui annonçait l'arrivée des avions, et la cave dans laquelle les habitants de l'immeuble s'abritaient. Elle se mettait toujours à côté de son père, car elle savait qu'il avait de la chance dans la vie. Elle avait très peur de mourir pendant les bombardements.

 

Elle racontait volontiers la chance de son père. Pendant la guerre de 14-18, il a passé du temps au front, et n'a jamais eu la moindre égratignure. Un jour, un de ses amis soldtas lui dit : "Ah Golfier, toi tu as de la chance, je me mets près de toi". Une bombe est alors tombée, et un éclat a tué le soldat, et Pierre n'a rien eu.

 

Pendant l'exode en juin 1940, elle est partie sur les routes comme des millions de français. Son petit chien Boby s'était perdu à cette occasion, et elle en était très triste. De retour à Orléans après les quelques semaines d'exode, Boby les attendait devant l'immeuble, il avait parcouru 200 kilomètres et retrouvé son chemin.

 

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Marcelle était assez timide, et très jolie. Elle rencontra un jour un certain Claude, dont le côté blagueur et sportif lui plut tut de suite. Ils se marièrent jeunes, une vingtaine d'années chacun.

 

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Claude racontait également volontiers les "surprise party" qu'ils organisaient. Faisant des études en électricité, il avait électrifié des bonbons placés dans un saladier. Et se tordait de rire à voir les convives se prendre des coups de jus.

 

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Tous deux partaient en vacances avec leur bande de copains, le plus souvent en camping. En Grèce, en Italie, sur le Bassin d'Arcachon...

 

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Marcelle a mis du temps avant de pouvoir avoir des enfants, et elle enrageait de voir ses amies enceintes. Elle enchainait les fausses couches, avec des épisodes hémorragiques parfois périlleux, à la maison. Un beau jour, un chirurgien ami de la famille diagnsotiqua des kystes sur les ovaires. Et dans la foulée les lui enleva, ainsi que l'appendice pour le même prix.

 

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Bingo, Marcelle attendit son premier enfant. Henri, un beau petit gars brun. Puis Michèle, une blonde aux yeux bleus. Enfin Claude, la petite dernière, châtain aux yeux verts. La marraine de Claude en se penchant sur son berceau aurait dit "Ah mais ça va être une petite Didi". Légende familiale ou réalité, je ne sais.

 

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Mais ce surnom m'est resté jusqu'à maintenant. Marcelle est ma mère, elle a 90 ans aujourd'hui.

 

Je suis un peu triste, car je ne peux pas lui souhaiter son anniversaire. Elle vit loin de moi, et n'a pas le téléphone. Ne comprendrait pas ce que je lui dirais au téléphone. Lorsque je lui rends visite, elle est toujours heureuse de me voir. Elle ne me connaît plus, mais sait ce que je représente. Nos liens tissés pendant 55 ans nous permettent de conserver un dialogue par delà les mots.

 

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Ma mère m'a appris le bonheur. A profiter de tous les "petits" riens de la vie. Ecouter le jeu des 1000 francs le midi en rentrant de l'école. Manger un yaourth velouté citron au dessert parce que c'est si bon. Me donner sa main dans la voiture quand on rentrait de la campagne. Me trouver toujours formidable. M'expliquer quand j'avais 7-8 ans que non, elle n'avait pas fait l'amour que 3 fois (je pensais qu'on faisait l'amour juste pour faire des enfants). Nous montrer comment on fait la roue et le grand écart. Me laisser faire des boules de boue, et patauger dans la mare au fond du jardin. S'extasier quand je lui rapportais un gros bouquet de pâquerettes. Ne rien me dire lorsqu'elle avait trouvé un test de grossesse planqué dans ma chambre. Me demander si moi j'allais bien, quand je lui avais annoncé que je quittais mon mari. Me dire il y a peu de temps à la maison de retraite "C'est formidable ces arbres et cette musique".

 

Et dès qu'on avait un moment, elle me disait "On se fait un petit café ?".

 

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Je ressens au fond de moi que ce sera son dernier anniversaire. Par ce petit texte, je lui dis tout mon amour, et je veux croire que le message lui parviendra. 

11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 21:20

Il était écrit que le 11 janvier je vous noierais sous ma prose.

Cette prose-là date un peu, je devais avoir dans les 8 ans quand j'ai écrit cette lettre à ma grand-mère maternelle.

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Elle avait un cancer du sein, et est partie l'année de mes 9 ans. Je me rapelle du coup de téléphone qui annonçait sa mort, un été à la campagne. J'étais dans mon lit mais avais entendu la conversation. Je ne sais pas pourquoi, je me sentais fautive.

 

Une grand-mère adorable, à qui nous allions rendre visite régulièrement à Orléans. Je prenais le train au petit matin avec ma mère. Je revois encore les escaliers noirs de la SNCF, avec des petits éclats de mica qui brillaient. Mes grands-parents avaient la télévision ! En noir et blanc, et je me souviens du dessin animé "Joe l'abeille" et bien sur de Nicolas et Pimprenelle.

 

Bonne nuit les petits !

13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 13:55

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Scipion, mon arrière grand-père, croqué par son fils.

 

Extrait brut des mémoires de mon père, sur lesquelles j'avance petit à petit :

 

"Nous passions toutes les vacances à Orvilliers. Mes grands-parents (Scipion et Angèle) y venaient souvent. Ils avaient un génie particulier pour se pointer à l’improviste. Le dimanche vers 10 heures du matin, s’annonçant par un long coup de klaxon, ce qui ne mettait pas ma mère spécialement de bonne humeur.


Tante Blanchette était le plus souvent avec eux dans les périodes où elle n’avait pas de copains – encore qu’elle les amenât assez souvent, des garçons bien élevés, sympathiques, et non dénués de ressources ni de qualités.


L’affaire n’était pas simple. Il fallait acheter des provisions. Or : a) mon grand-père considérait qu’en dehors de Dreux, on ne trouvait rien de bon (50 km aller-retour), b) Blanchette tenait absolument à faire un plat marseillais, appelé Gimbalaya. Il s’agissait de simples spaghettis mais enrobés d’une complexe et copieuse sauce nécessitant des tomates, de la tomate concentrée, des courgettes, du piment, des poivrons, du basilic, des feuilles de laurier, des oignons blancs, de la bonne huile d’olive… vous voyez la liste d’achats. Nous ajouterons que chacun de ces légumes devait être cuits dans des casseroles séparées. Ah j’oubliais : de l’ail, des fines herbes, pour élaborer un aïoli.


En général, la surprise passée, tout se déroulait dans la bonne humeur, sauf une fois.

C’était d’après mes calculs dans les années 1935, j’avais 9 ans. La cuisine était installée dans le couloir du cellier, avec comme pièce maîtresse une cuisinière à charbon surmontée d’un tuyau de cheminée. Nous étions dans l’actuelle salle de télévision. Mon père nous quitte d’un pas décidé : « je vais allumer le feu ». Quelques minutes se passent, et successivement, un juron de mon père et une intense fumée : impossible d’allumer. Tuyau bouché, démontage, une chouette morte dans le tuyau. Réallumage. Blanchette a pu faire sa gimbalaya – 5 casseroles – Repas à 15 heures… mon père noirâtre et ma mère un peu crispée…"

 

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L’éditrice salive à la lecture de ce chapitre, et va tester la recette dans les meilleurs délais. Après vérification sur Internet, il s’agit en fait des spaghettis « Jambalaya », et il y a encore beaucoup d’autres ingrédients que ceux utilisés par Blanchette.

 

Post-scriptum à l'intention de ceux qui voudraient préparer des spaghettis Gimbalaya de tante Blanchette : une chouette morte n'est pas absolument nécessaire pour réussir la recette.