25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 22:08
Ça bouge à Lapwent

Cette image ne l'illustre pas, mais j'ai trouvé du changement à Pointe-à-Pitre lorsque je m'en fus y musarder hier matin, avec une personne chère à mon coeur. L'idée était de me trouver une jupe de gwoka : franc succès (digression dès le premier paragraphe, on est mal).

 

 

Ça bouge à Lapwent

Là non plus, point trop de changement.

 

Mais dans la ville, plusieurs chantiers importants. Certains pour reconstruire des immeubles anciens. L'un avait brûlé il y a une quinzaine d'années, ils ont gardé le soubassement d'origine, avec ses grands vantaux de bois, arrondis. L'autre, dont le chantier est terminé, est très réussi ; il mêle un immeuble ancien repris presque à l'identique, à d'autres plus à destination de logement social. Etc... (oui, j'aurais dû prendre des photos).

Et puis avant de repartir, je me rappelle que le musée Schoelcher a été rénové, et s'appelle maintenant le Musarth. Chance, il est ouvert, et gratuit jusqu'à nouvel ordre. Beau dehors, beau et intéressant dedans. Cerise sur le gâteau, une exposition de peinture, où deux artistes ont peint à 4 mains. Ronald Cyrille (un de mes chouchous dont je vous ai parlé récemment), et Antoine Poupel. 

 

Quelques images vaudront mieux qu'un long babillage !

 

En conclusion : la ville petit à petit réhabilite son patrimoine bâti.

Ça bouge à Lapwent
Ça bouge à Lapwent
Ça bouge à Lapwent
Ça bouge à Lapwent
Ça bouge à Lapwent
Ça bouge à Lapwent
Ça bouge à Lapwent
Ça bouge à Lapwent
Ça bouge à Lapwent
6 avril 2023 4 06 /04 /avril /2023 14:54
Sea, swamp and sun

Le croirez-vous ?

Le marais derrière cette maison sur pilotis s'appelle Swan Lake.

Sur le toit, un Quiscale à longue queue.

En contrebas, une brochette de Cormorans Vigua.

Sea, swamp and sun

Il s'agissait de passer un dimanche à la mer, au bord du Golfe du Mexique, non loin de la petite ville de Freeport. L'accès à la plage se fait en voiture, alors comme les gens ne marchent pas dans ce pays, les voitures sont garées à moins de 10 mètres de l'au. Nous mettons en route le cerf-volant licorne, puis je file à l'anglaise, direction le marais.

Sea, swamp and sunSea, swamp and sun

Pas si facile d'atteindre la petite route côtière, la bande de sable étant privée, les terrains et maison sur pilotis s'enchaînent, sans servitude (cette phrase est paradoxale). Je franchis donc une propriété privée, et arrive sur la route. Immédiatement assaillie par des dizaines de moustiques, vais-je pouvoir poursuivre mon exploration ?

Sea, swamp and sun

Par chance et curieusement, ils me lâchent les basques comme j'approche du marais. Sans doute le brin de zéphir qui les décourage.

Sea, swamp and sun

Me voici posée au bord du Swan Lake. Un voilier navigue au-dessus de la mangrove, peut-être le Hollandais volant ? La zone est en fait truffée de canaux, ce bateau fait probablement route vers les baies intérieures situées au nord-est.

Sea, swamp and sun

Terminons le step du jour par ce héron de grande taille.

Je vous le donne en mille, il s'agit d'un Grand héron, moins connu sous le nom d'Ardea herodias.

 

Cétait la minute ornitho de tatie Didi, qui vous remercie de votre attention !

27 mars 2023 1 27 /03 /mars /2023 16:35
Balade au bout du monde

Ce qui est chouette, c'est que le bout du monde est partout. En témoigne cette femme noire mystérieuse, observée par un Crabe fantôme atlantique. Les faits du jour se déroulent une fois encore du côté de Nogent.

Balade au bout du monde

Nogent est un endroit qui offre au promeneur une grande variété de paysages, d'êtres vivants, de débris, de cailloux, sur une surface ridiculement petite. On est loin des grands espaces canadiens. Piton de Sainte-Rose en arrière-plan, rivière et marais, voici le côté pile. Vous avez bien sûr reconnu les massettes, qui plient mais ne rompent pas. Elles font joli, mais j'ai ouï dire qu'elles étaient là depuis peu, et avaient tendance à être envahissantes.

Balade au bout du monde

Côté face, c'est plutôt mer et plage, avec une frange de végétation décoiffée par le souffle presque incessant du vent. Des bovins fréquentent le lieu, ce qui ne me plaît guère. J'ai peur des vaches (et des lions).

Balade au bout du monde

Entre les deux, côté tranche donc, c'est un marécage habité de Mangles médailles (espèce de palétuvier d'arrière-mangrove). Ambiance mystique, voire même moustiques.

Balade au bout du monde
Balade au bout du monde

Jusque là je connaissais. Une impulsion fit que mes pas me portèrent plus loin que d'habitude, sans que mon cerveau ait été consulté au préalable. Direction donc la baie suivante, nommée Cluny.

Le fameux CFA (Crabe Fantôme de l'Atlantique)

Le fameux CFA (Crabe Fantôme de l'Atlantique)

Balade au bout du monde

En chemin, un genre de hameau rasta. Petite case inachevée en gaulettes. 

Balade au bout du monde

On pourrait voir un tableau accroché au mur.

Balade au bout du monde

Les rézinyé bodlanmè ont mis des feuilles à tous leurs rameaux, et les fleurs qui vont avec.

Balade au bout du monde

Un dernier coup d'oeil sur le paysage japonisant. Il est temps de revenir sur Terre.

3 juin 2022 5 03 /06 /juin /2022 12:31
Action

Un drame se joue à l'instant sous mes yeux (et mes oreilles).

 

Chant de cigale1 strident, un Pipirit2 a capturé la chanteuse au vol. Puis des tap-tap-tap, l'oiseau (de la famille des Tyrans, je n'invente rien), maintient le coriace hémiptère entre ses mandibules pour ne surtout pas le laisser s'échapper. Il le martelle sur la branche d'un Bois-canon3 mort. Ainsi la grosse cigale est tuée et dépecée avant ingestion ! Tel le tourteau mais sans la mayonnaise. Le tout dure quand même quelques minutes. La scène se termine par un nettoyage de bec (c'est gras les insectes) sur la branche. Rideau !

 

Une seule heure, un seul lieu, un seul fait accompli, ont tenu jusqu'au bout le théâtre rempli. 

 

Pour les amoureux des noms latins :  Fidicina mannifera2 Tyrannus dominicensis3 Cecropia schreberiana

5 juin 2017 1 05 /06 /juin /2017 01:20
Je m'appelle André et vous ?

Où il fut question de mai 67, de soucougnans et du bon dieu. Entre autres.

City on fire, c'est le gros bouquin que j'essaye désespérément de lire en ce moment. Jamais moyen de retrouver ma page. Du mal à suivre. Et quand je m'endors avec ça fait mal, 1244 pages qui me tombent sur le museau. 

 

J'avais donc apporté ce livre vendredi soir quand je m'en fus prendre une bière Place de la Victoire à Pointe-à-Pitre, pour tuer le temps. En l'occurrence les 90 minutes de la rando roller de Swan. En me disant "Avec un gros bouquin comme ça, je ne vais pas me faire embêter".

Je m'appelle André et vous ?

Pour changer un peu, je me siffle une Corona, gentiment servie par une dominicaine joviale, et dans un environnement marqué par de nombreux décibels tendance Merengue.

 

Et ça ne loupe pas. J'en suis à peine au prologue ("Nous avons rencontré l'ennemi, et c'est nous"), qu'une personne de sexe masculin m'adresse la parole. Et me demande fort ta propos ce que je je lis tout en me faisant remarquer que c'est un gros livre.

 

Le bougre était muni d'un bol de soupe qui me fit saliver. Je l'accueillis donc à ma table puisqu'il me l'avait demandé gentiment. Aussi parce qu'il n'y avait pas d'autre table de libre. Pendant tout le temps de notre conversation (que j'évalue à une petite heure), je ne sais s'il loucha sur mon décolleté, mais j'avoue avoir louché tout le temps sur sa soupe.

Un bébélé sinon rien

Un bébélé sinon rien

Nous démarrons sur mai 67. Il m'affirme que les historiens ont menti. Ce ne furent pas 200 morts mais 8 morts. Huit de trop, mais 8 morts.

 

Le gars est érudit et connaît bien mieux que moi toute l'histoire de l'esclavage. Quand je m'indigne du code noir, il réagit vivement. "Mais le code noir était une bonne chose. D'ailleurs, les colons n'aimaient pas le code noir, qui donnait des droits aux esclaves. Moi, je suis descendant de nègre marron".

Je lui fait remarquer que jamais les métis ne revendiquent leur part blanche. "Et pourtant, nous sommes descendants d'esclaves et d'esclavagistes" me dit-il.

 

Ce monsieur était enseignant. Il me raconte que lorsqu'il était en poste en Guyane, un élève vint se plaindre à lui. "Monsieur, il m'a traité d'haïtien". "Mais idiot, tu es haïtien" lui répondit-il.

© Le blog de Nanie

© Le blog de Nanie

Virage dans la conversation, j'évoque les soucougnans. Immédiatement il réagit. "Mais les soucougnans existent. J'y ai été confronté à trois reprises". Je lui demande de me rafraîchir la mémoire sur les soucougnans, n'ayant qu'une idée vague de ce qu'ils sont.

 

"Les soucougnans sont des femmes. Parfois des hommes. Elles se transforment en animaux et bêtes de toutes sortes, piquent, et prennent le feu".

 

Il me raconte en détail ses trois expériences de soucougnans, que j'essaie de vous résumer ici.

© Eric Schmuttenmaer

© Eric Schmuttenmaer

"Près de chez ma Maman, il y a eu un éclair. Alors elle a dit "Tiens, c'est Amélie !". Et le soir, nous avons trouvée Amélie brûlée".

Maison Murville à la Lézarde

Maison Murville à la Lézarde

"Un soir, il y avait une forte lumière derrière la case de Siméon, qui n'était pas là. Il revient le lendemain et nous lui demandons s'il avait mis une lumière. "Une lumière ? Ha ! C'est surement Ernest, je vais lui régler son compte !". Siméon a disparu trois jours dans sa case, et trois jours plus tard, Ernest était retrouvé mort".

A la Désirade

A la Désirade

"A l'école, une de mes élèves se plaint que sa grand-mère l'embête. Je lui dis mais non, les grand-mères sont gentilles. Elle répond mais non, ma grand-mère est morte. La petite a entendu un soir de grands bruits dans la chambre de la grand-mère. En regardant par le trou de la serrure, elle voit des bêtes. Elle entre et trouve une peau de bête, qu'elle prend. Sa grand-mère arrive et lui dit qu'elle ne doit surtout pas faire ça, ça risque de la tuer. En réalité, cette dame n'arrivait pas à partir vers la mort, et au lieu de se tourner vers sa fille pour l'aider, elle s'est adressée à sa petite fille".

 

"Oui, les soucougnans existent. Et je crois en dieu, sans lui je serais mort. s'il n'y avait pas eu l'esclavage, je serais africain et migrant ! Ou européen et je vivrais dans le froid. Toute chose a du bon !"

Musiciens à la Nouvelle Orléans

Musiciens à la Nouvelle Orléans

Et il part sur un grand éclat de rire, sur des dents un peu de travers. "Je m'appelle André, et vous ?".

 

Swan à qui je racontai l'affaire conclut en disant "C'est bien de pouvoir faire des rencontres intéressantes".

 

C'est pas le tout, j'ai encore 1240 pages à lire.

21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 00:42

Je crois que j'ai rencontré un ange cet après-midi. Existe-t-il réellement ?

 

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J'étais partie ma musette à la main, bien décidée à essayer un nouveau style de peinture. Moins figuratif, plus instinctif.

 

Deuxième quinzaine de septembre, chacun (ou presque) sait que c'est la pleine saison cyclonique. Pas de cyclone aujourd'hui mais de la pluie entre deux rayons de soleil.

 

Un peu au hasard, ma petite voiture rouge m'emmène au lieu-dit La Glacière. Où en effet il ne fait pas si chaud, nous sommes tout de même sur les pentes du massif montagneux. De là part la trace Merwaert, un long sentier boueux qui sillonne les crêtes des heures durant pour qui a du courage, et les genoux en bon état.

 

Mes prétentions sont modestes, je veux juste m'enfoncer un peu en forêt et trouver le bon angle pour dessiner. C'est un peu touffu, je ne trouve pas l'entrée du chemin. J'aperçois un jeune homme sur sa terrasse, je lui demande mon chemin. 

 

Il me répond sans parler, en faisant un geste pour m'indiquer.
Il est métisse, grand, avec des locks et des tatouages sur la poitrine et sur les bras.
J'ai pensé qu'il était muet, et cette rencontre m'a fait sourire.


Je marche un peu et m'installe pour dessiner, dans une clairière. Il arrive, pieds nus, et me parle gentiment.
Donc il n'est pas muet.  Nous parlons un peu, puis il me demande si je fais des portraits. Non, c'est trop difficile. Il m'explique qu'il va avoir une petite fille, qui va naître en décembre. Il a 27 ans.


Il parlait avec beaucoup de douceur, nous avons discuté tranquillement un bon moment. Il m'a aussi expliqué qu'il est péruvien, et a été adopté. Il ne se rappelle pas du tout tout du Pérou. Ses traits ont en effet quelque chose d'indien, ici c'est fréquent, mais ce ne sont pas les mêmes indiens. Je lui demande son nom. Jean-Michel.


Puis nous avons repris le sentier et sommes revenus au point de départ. Il était heureux que nous ayons pu nous rencontrer, et il est rentré chez lui. 



Voilà, mais comme je n'avais pas dessiné, je me suis arrêtée plus loin sur la route, et j'ai peint différemment de ce que je fais d’habitude.

 

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J'ai laissé parler mes émotions et splatch, elles sont arrivées sur le papier. Lieu-dit Diane cette fois-ci.

 

Drôle de journée.

 

24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 21:02

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Petit crème bien blanc chez Paul, au départ d'Orly Sud. J'aime beaucoup ce petit bistrot.

 

Ce matin, perturbations sur la ligne Montreuil - La Défense, des manifestants étaient descendus sur la voie, je ne saurais vous dire pourquoi.

 

Appelé donc un taxi pour rejoindre l'aéroport. Le chauffeur est doué de parole, et ne débite pas le discours réac qu'affectionne parfois cette corporation. 

 

Il manque de m'emmener Gare du nord, j'avais pourtant dit Orly Sud. Il est portugais, et m'explique tout ce qu'il a dû apprendre comme micro-géographie pour devenir taxi.

 

Dans mon bagage à main, je ramène en Guadeloupe le Coq à la fumée, un objet qui m'a fait cauchemarder plus d'une fois dans ma petite enfance. Un coq en céramique multicolore rapporté du Portugal par mon père il y a environ un demi-siècle. J'avais baptisé le cauchemar "Coq à la fumée".

 

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Après tout ce temps, c'est aujourd'hui que j'ai décidé d'emporter chez moi ce symbole de mes terreurs nocturnes d'antan. Le voici installé à l'abri des chats, qui comme chacun sait ne cassent jamais rien.

 

Le taxi m'explique que sa région natale, au nord du Portugal, est pleine de torrents, de montagnes boisées, et la mer un peu plus loin. Il m'aide à décharger mes bagages (alourdis par 2 kilos de gingembre au vinaigre), et je lui montre mon coq.

 

"Ah, mais ils sont fabriqués dans ma région ! On l'appelle le coq de Barcelos. El galo de Barcelos. L'histoire dit qu'au temps des rois, on servit un coq aux convives d'un banquet. L'un d'entre eux paria que le coq allait chanter. Et c'est ce qui arriva".

 

J'ai demandé son prénom au chauffeur, il s'appelait Alexandre.

 

Que veulent me dire les coïncidences de ce jour ? 

 

Encore une coïncidence découverte à l'instant. Le petit dessin là-haut, fait juste avant d'embarquer, montre un avion de la compagnie Aigle Azur. Spécialisée entre autres sur la destination Portugal.

13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 16:59

De fil en aiguille.

 

L'article d'hier évoquait le fil (yarn) dans l'art.

 

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Celui d'aujourd'hui part également d'un fil.

 

Le fil tissé par une mygale, que l'on peut rencontrer à la Soufrière. Ne vous réfugiez pas sur la chaise la plus proche, ni n'appelez votre mère. Tout d'abord parce que les mygales n'ont jamais fait de mal à une mouche (façon de parler, elles doivent tout de même en sucer quelques unes à l'occasion). Et ensuite parce que cette mygale-là n'est pas très grosse, son ti bidon ne dépasse guère un ou deux centimètres de diamètre.

 

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Mes petits copains naturalistes étaient partis à la recherche de cette bestiole, qui bizarrement n'a été découverte qu'en 1999. Par un temps brumeux et glacial, ils sont partis des Bains Jaunes, ont arpenté les sentiers de montagne, ont soulevé les pierres, et ont trouvé les mygales.

 

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L'un d'entre eux a également trouvé sur le bord du chemin deux tiges d'orchidées en fleurs, ceuillies puis laissée par un quidam sur le Chemin des Dames (comme par hasard, sur le Pont des Arts...). Il m'a donné ces deux orchidées, pour que je les intègre dans l'herbier de l'INRA, au cas où n'aurions pas en collection cette espèce (qui répond au doux nom d'Epidendrum patens).

 

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L'orchidée avant cueillette.

 

Les deux plantes étaient glissées dans du papier journal. Etant femme, je suis d'un naturel curieux, et j'ai eu l'oeil accroché par un entrefilet du journal en question.

 

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"Cette photo de l'américain John Stanmeyer, illuminée uniquement par le clair de lune et les écrans des téléphones portables des migrants, a remporté le World Press Photo".

 

Ca m'a serré la gorge et donné le frisson. Nous ne faisons pas le même usage du clair de lune et du téléphone portable. J'y penserai lors de la prochaine pleine lune.

7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 13:29

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*

Je ne sais pas s'il s'appelle Omar. Il n'a qu'une jambe.

 

Bien que la GGSS (Grève des Gérants de Stations Service) soit terminée depuis hier, j'ai décidé de garder l'avantage.

 

J'ai donc enfourché ce matin mon fidèle compagnon Trek. Un beau 24 pouces noir et blanc. Je remonte bravement la Lézarde, sans trop forcer tout de même.

 

Et j'entends derrière moi une voix m'encourageant. "Appuyé appuyé, allez, plus vite". Un cycliste, qui me dépasse comme dans le dessin animé Bip-Bip (grosse exagération, mais quand même le bougre allait vite).

 

Je le vois depuis longtemps faire du vélo avec sa seule jambe. Beau style, aucun déséquilibre. J'espère la prochaine fois faire plus ample connaissance avec lui et vous en dire un peu plus.

 

 

* Les Rondes Vertes, édition 2010

24 janvier 2014 5 24 /01 /janvier /2014 19:26

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"Je suis né au Surinam. Le médecin qui a accouché ma maman était hollandais. Il lui a dit que comme j'étais un beau garçon, il fallait m'appeler comme lui. Doornamboth. Je m'appelle Doornamboth Napo. Mais comme ce n'était pas facile à prononcer, on m'appelle Doorn.

 

Je suis Bushinengué. J'avais commencé à faire mes études, mais à 8 ans j'ai dû arrêter car mon père avait eu des problèmes. Et mes filles ont fait des études d'avocates en France, parce que ça m'avait fait mal au coeur.

 

Je crois que je suis le 3ème enfant. Avant il n'y avait pas de dispensaire, mais des sages-femmes traditionnelles au village.

 

Avant, je travaillais dans le tourisme."

 

Tout celà est dit d'une voix très douce, avec un léger accent anglais ou hollandais.

 

J'ai rencontré Napo en Guyane il y a peu, lors d'un séjour professionnel. Je faisais la tournée des quelques agriculteurs qui avaient accepté d'essayer nos nouvelles variétés de poivrons. Sa parcelle était très bien entretenue, il avait fait creuser deux canaux pour drainer, pour la somme de 500 Euros. Son "exploitation" était située en bord d'abattis, et il avait une case en bois sommaire, sur pilotis.

 

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"On est là la semaine, et le week-end on revient dans notre maison à Saint-Laurent du Maroni. Comme on n'avait pas encore eu le bail amphithéotique, je n'avais pas osé construire ma maison ici. Alors on a fabriqué quelque chose de simple, et la vraie maison est là-bas".

 

Je fais remarquer à mes compagons de visite que 500 Euros c'est beaucoup, et que Napo doit quand même avoir un certain revenu. Ils m'apprennent qu'avant de devenir agriculteur, Napo emmenait des gens se balader sur le fleuve. Mais un beau jour, il s'est fait voler pirogues et moteurs, et ça a été terminé.

 

Retrée chez mes hôtes à Kourou, je leur raconte l'histoire.

 

"Napo ? Ca me dit queque chose, il n'était pas piroguier à Saint-Laurent ? Ily a une quinzaine d'années, il nous a transporté un ULM sur une partie du fleuve. Un très bon piroguier, un type sympa."

 

Et de retrouver une vieille photo, sitôt scannée.

 

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Le monde est petit et le temps est court.