29 mars 2016 2 29 /03 /mars /2016 23:01
Mékong

Le temps passe et mes souvenirs s'effilochent. Je vais bientôt retourner dans mon carnet de voyage au Cambodge pour retrouver de la matière. Mais pour l'heure, j'y vais sans filet, sur ce qui est là encore deux mois après le retour.

Mékong

Ce qui m'a incitée à partir là-bas, ce sont quelques mots, rien de plus. Le Mékong en est un. Evoquait pour moi le temps des colonies française et des guerres, les espaces plats et calmes où le temps s'arrête, la couleur du limon. Un monde totalement étranger et inconnu.

Mékong

Alors pourquoi pas un saut dans cet inconnu ? Je n'ai pas voulu préparer trop ce voyage, je me suis simplement mis la carte des régions dans la tête. Donc pas compliqué pour le Mékong, il suffit de le remonter, en partant du principe que plus on va vers la source, plus les choses s'épurent, à tous points de vue. 

Mékong
Mékong
Mékong

Le point de départ tout naturel fut Phnom Penh, là ousque l'avion se pose, et où le Mékong passe.

 

Il n'est pas le seul d'ailleurs, le Tonlé Sap y est son confluent, ce dont je me suis rendue compte le dernier jour. Et à ce qu'on dit, il est une période de l'année où le Tonlé Sap coule de l'aval vers l'amont, je n'ai pas vraiment compris pourquoi. A Phnom Penh, il y a non pas la promenade des anglais, mais la promenade des Khmers, au bord du (des) fleuve(s). Aménagée depuis peu, les familles s'y retrouvent en fin d'après-midi. Les touristes l'arpentent. De nombreuses marchandent proposent de quoi boire et manger. Le dernier jour, j'y ai passé la soirée avec des français de là-bas, amoureux du pays et de Khmères qui n'ont pas rechigné à leur faire des enfants sur le tard.

Mékong
Mékong
Mékong

La seconde étape fut Kampong Cham. Le Mékong y est moins sale. Pourvu d'un bon gros pont en béton, et d'un autre saisonnier, en bambou. Chaque année démonté avant la saison des pluies qui fait grossir le fleuve. Bordé de maisons flottantes, dont les habitants cultivent des petits carrés de légumes sur la rive. 

Mékong
Mékong

Instant de grâce, cet homme sur son bateau de bois et son chapeau pointu qui accoste pendant que je dessine. 

Mékong
Mékong
Mékong
Mékong

Et puis ces petites scènes de vie au bord du fleuve, et sur l'île qui s'y trouve. Pour celle-là, je ferai un article à part entière.

Mékong
Mékong

Pour en finir avec ce satané Mékong, la ville de Kratie. Prononcer Krèèè-t'chiou. Encore plus tranquille, encore plus plus propre, encore plus attachante. J'y ai rencontré Natalie de Bruxelles (et non Brice de Nice). Nous avons passé moins de deux jours ensemble, mais avons partagé de beaux moments.

Mékong
Mékong
Mékong
Mékong

Le coucher de soleil sur le fleuve, agrémenté d'une (deux ?) draft beers (de marque Cambodia et ou Angkor).

Mékong
Mékong
Mékong

La journée en tuk-tuk avec comme objectif officiel les dauphins d'eau douce. Ils étaient là mais nous avons également pris un petit bain dans les rapides. Et aussi visité le temple aux 100 colonnes, dans lequel Natalie m'a évité de commettre un énorme impair : présenter ses pieds au Bouddha. Eh oui, quand on s'asseoit devant une représentation du gros mec doré souriant, il faut mettre ses pieds sur le côté, où sous ses fesses, c'est ainsi.

Mékong

Goodbye Mékong.

16 février 2016 2 16 /02 /février /2016 00:35
My friend Phealoeng

Ce jour où je suis partie en vélo sur l'île étreinte par les deux bras de la rivière Kampot et par la mer de Chine. 

Un petit port, l'omniprésent monstre serpent, la pirogue de 30 mètres de long.

My friend Phealoeng

Et le temple.

My friend Phealoeng

La pièce d'eau attenante.

My friend Phealoeng

Et ses reflets.

My friend Phealoeng

Qui dit temple dit moine. Je me reposais sur un banc, une silhouette orangée s'est approchée. Est venue s'asseoir à mon côté. Un moine. Vêtu de tissu orange, crâne rasé de près, bonne bouille.

My friend Phealoeng

Je ne sais plus de quoi nous parlons. Au bout d'un moment, il doit me quitter car c'est l'heure du repas avec ses collègues moines. Je lui laisse mon facebook, il voudrait que nous restions en contact. On n'a plus les moines qu'on avait dans le temps, celui-ci possède un smartphone. Il a un peu moins de 17 ans.

My friend Phealoeng

Voyant qu'il aimait dessiner sur le sable près de sa pagode, je lui ai demandé à mon retour de dessiner mon nom et de m'envoyer la photo. Il m'a demandé un petit délai car il avait beaucoup de travail. Puis il l'a fait. Les khmers sont comme ça. On peut compter sur eux.

My friend Phealoeng
My friend Phealoeng
14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 19:33
La maîtresse en maillot de bain

Après deux semaines de voyage au Cambodge, je me décide à faire cap à l'ouest, et à rejoindre Siem Riep, la ville des temples fameux d'Angkor. 

 

J'y vais un peu à reculons, il semble que la fréquentation des lieux soit monstrueuse. Après 11 heures de bus depuis Kampot sur la côte sud, j'arrive le soir à Siem Riep. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Une grande ville très animée, un fleuve toujours cette fois c'est le Tonlé Sap. J'atterris dans un hôtel pour une fois assez chic (mais un chic qui me plaît, je vous en parlerai une autre fois). Chic mais une promo à 23 dollars !

La maîtresse en maillot de bain

Après un excellent repas dans le quartier très vivant du Psar Chaa, je me tape une nuit réparatrice dans ma suite familiale kitch. Au matin, je décide ne pas aller tout de suite m'agglutiner vers les temples et je me loue un vélo.

 

Je sors de la ville en direction du lac qui doit se trouver à une vingtaine de kilomètres de là. Au bout d'une heure, je n'ai pas bien avancé, il y a toujours quelque chose à regarder et je m'arrête toutes les cinq minutes.

La maîtresse en maillot de bain

Ah une jolie fresque sur le mur d'une cour, avec des mains d'enfants de toutes les couleurs. Je prends une photo. Une jeune femme m'ouvre la grille et me propose de visiter ce qui est en fait une petite école des faubourgs. Juste trois classes, et seulement 8 dollars par mois au lieu de 100 dollars en ville. "Smile of Angkgor School".

La maîtresse en maillot de bain

Je papote avec une instit, elle me montre les classes. Et nous comparons les noms donnés aux fruits, entre le Cambodge et les Antilles.

La maîtresse en maillot de bain

Puis je discute avec le directeur. Il me fait asseoir dans la cour et nous dialoguons.

 

Lui - Asseyons-nous bien en face pour parler. Ou vas-tu en vélo ?

Moi - Je vais voir le lac de Tonlé Sap.

Lui - Il faut que je t'explique le lac. Si tu y vas, tu ne le verras pas.

Moi - ?

Lui - C'est la saison sèche et il y a des roseaux. Les maisons flottantes seront loin du bord et à pied tu ne verras rien.

Moi - Ah bon. Ce n'est pas grave, j'avancerai sur la route, et je verrai bien d'autres choses.

Lui - Est-ce que tu voudrais bien revenir pour parler anglais aux enfants ? Pour qu'ils entendent un autre accent que le khmer.

Moi - Mais oui. Peut-être vendredi.

Lui - Ah non, pas peut-être ! Il faut répondre oui ou non. Et tu peux venir dès aujourd'hui.

Moi - OK, c'est oui pour vendredi.

La maîtresse en maillot de bain

Le jour dit je retourne sur les lieux dans l'après-midi. C'est l'heure de la récré et les enfants jouent pieds nus dans la cour. Ils viennent me parler. Puis nous allons en classe. Ils ont entre 9 et 11 ans environ, et nous parlons de tout et de rien. Je leur dessine des trucs au tableau en leur demandant comment ça s'appelle. La salle de classe est petite, assez sombre et chaude. Peu de moyens mais les enfants sont vifs et gentils.

La maîtresse en maillot de bain

Et drôlement doués. Regardez comme ils ont bien écrit leurs noms en sanscrit. Essayez d'en faire autant !

3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 00:28

Le deuxième épisode sera plus léger.

 

ហាងឆេងនិងចុង =  bric à brac.

 

Au pays khmer, de nombreux objets courants jalonnent le paysage. J'ai essayé de les prendre sur le vif, parfois depuis le bus. Ce qui ne laisse que quelques secondes pour mémoriser, et explique le côté sommaire des dessins.

ហាងឆេងនិងចុង

Evidemment ce qu'on voit le plus le long des routes, ce sont les maisons. Je les ai observées sous toutes les coutures, et j'ai maintenant de quoi faire une thèse sur l'ahabitat traditionnel au Cambodge. Au fond à droite, des silhouettes de palmiers à sucre. Ca, il y en a a beaucoup dans les paysages de plaines alluviales, ça ressemble à de grands lataniers.

ហាងឆេងនិងចុង

Egalement très tendance, la meule de foin, à proximité immédiate de la maison. Elles sont souvent autour d'un piquet de bois, ce qui leur donne l'allure d'un kebab géant.

ហាងឆេងនិងចុង

J'ai repéré deux sortes de lotus : des petits, roses très vif, en petites quantités dans des trous d'eau. Et d'autres plus gros, cultivés dans ce qui ressemble à des rizières. Roses pâles, presque blancs, ou mauves. Mais de lotus bleu, point.

ហាងឆេងនិងចុង

Egalement beaucoup de cambodgiennes dans ce pays : grosso modo une personne sur deux ! La cambodgienne serait-elle frileuse ? Malgré les 30 degrés et plus, madame se balade en pyjama, tee-shirt manches longues et petit blouson, ma foi fort seyant à sa silhouette élancée. Des chaussettes et tongues, un chapeau ou bonnet, et bien souvent des gants ou mitaines.

ហាងឆេងនិងចុង

Un boudhisme discret mais omniprésent. Chacun ou presque arbore sa pagode miniature à l'entrée de chez lui. Environ 1 m 50 de haut, presque tout le temps jaune PTT. Impossible de confondre avec une boîte aux lettres, ça n'existe pas là-bas. La pagode sert à vénérer tranquillement Boudha et lui mettre des petits trucs à boire et à manger.

ហាងឆេងនិងចុង

"Tuk-tuk Madddeum ?". Le tuk-tuk est un genre de taxi largement utilisé par la population locale et par nous autres voyageurs. Selon vos talents de négociateur et la durée de la course, il vous en coûtera d'1 (petite course en ville) à 15 $ (sortie à la journée). A l'inverse de ce qui se passe à Paris, les tuk-tuk Uber n'ont pas encore envahi la place.

ហាងឆេងនិងចុង

J'ai au départ un peu galéré pour faire le plein des quelques scooters loués deci-dela (cahin caha). Pour trouver une station essence, il faut chercher ce qui ressemble à un étal de Coca Cola. L'entonnoir indique tout de même que dans la bouteille, ce n'est pas du Coca. A noter que pour louer un scooter, il ne faut surtout pas s'adresser à la boutique où il y a plein de sooters devant. Car il s'agit certainenement d'un bar. L'échoppe du loueur de scooter se caractérise par l'absence de scooters, car ils sont déjà tous loués.

 

 

ហាងឆេងនិងចុង

Sans commentaire. Beaucoup de vélos en ville, surtout à proximité des écoles.

ហាងឆេងនិងចុង

Et une dernière. Ne hurlez pas, il s'agit d'un étal de boucher. 

30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 20:47
S-21

Touchée coulée. Comme à la bataille navale.

Je commence le récit du voyage au Cambodge par la fin.

S-21 c'est le petit nom de Tuol Sleng. D'abord une école, puis un centre de détention et de torture des Khmers rouges, de 1975 à 1979, enfin le musée du génocide.

Situé à l'autre bout de Phnom Penh, j'ai tenu à m'y rendre à pied.

En fait de musée, ce sont les lieux tels qu'ils étaient. Un audio-guide permet de découvrir ce qui s'y est passé. La voix d'un cambodgien raconte doucement. Les écouteurs offrent un certain isolement, il serait difficile de partager l'émotion avec les autres visiteurs.

Le carrelage à damiers blancs et jaunes. Les salles de classe utilisées comme chambres de torture. On y voit le sommier de fer, les instruments, une photo du détenu mort. D'autres salles sont cloisonnées pour faire autant de cellules. Un bidon pour l'urine, une boîte de fer pour les excréments. Dans certaines salles, des centaines de photos, les portrait des détenus lors de leur arrivée. Arrêtés sans raison aucune et soumis à la question. Tous avouaient être à la solde de la CIA sans même savoir ce que c'était, ou être contre la révolution. Tous étaient tués après avoir signé les aveux. Seuls 4 ou 5 en ont réchappé, parce qu'ils avaient un savoir-faire : un artiste peintre, un mécanicien... Des dizaines de milliers ont subi ça, y compris beaucoup de khmers rouges eux-mêmes tant la paranoïa était forte au sein du mouvement révolutionnaire appelé Angkar.

En dehors des centres de détention, la soufrance était partout dans le pays. Les grandes villes évacuées de force, la majorité étant tenue aux travaux forcés dans les champs. Le modèle était basé sur l'agriculture mais les khmers rouges et les citadins ne savaient pas cultiver le riz. Un quart de la population est mort d'épuisement, de faim ou de maladie.

Le frangipanier de la cour était là à cette époque, il a vu et entendu.