1 octobre 2007 1 01 /10 /octobre /2007 23:44
J'avais prommis d'élever le débat. Allons-y.

Voici une aquerelle que j'ai faite l'été dernier sur l'Ilet Fajou, qui représente l'Etang Bois-Sec. 

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Au moment des faits, l'étang n'était pas sec, mais pendant le carême (janvier à mai), ça ressemble à, ça :

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Alors pourquoi je vous parle de cet îlet Fjou, confetti de quelques dizaines d'hectares dans le Grand Cul-de-Sac Marin ?

Il faut savoir que cette zone est classée en Réserve de Bosphère par les Nations-Unies (ça veut dire que c'est très beau, rare et à protéger). Et comme sur cet îlet il y a une population de rats qui embête des populations animales BEAUCOUP plus nobles (tortues marines, râles gris) (mais bon c'est relatif, les rats sont quand même vachement intelligents), eh bien les gestionnaires d'espaces naturels et les scientifiques s'intéressent beaucoup à ces rats.

D'abord, il y a quelques années, ils ont essayé de les éradiquer. Ce fût un cirque assez extraodianire : pas moins de 20 personnes mobilisées pendants 30 jours, à disposer des pièges à rat partout dans l'îlet (sur la plage ça va, mais dans les zones de mangrove c'est moins drôle), à relever les pièges tous les jours (attraper le rat vivant dans le piège et lui tordre le cou), à les disséquer tous les soirs (ce n'est pas tous les jours qu'on peut disposer d'une population complète, autant faire tout un tas de mesures et de prélèvements qui vont servir à d'autres études)... Et tant qu'on y était, on a fait pareil avec les mangoustes, grandes prédatrices devant l'éternel. Bilan de l'affaire : près de 700 rats ourdis, et une quarantaine de mangoustes.  Un an après, contrôle des bons et des méchants : les mangoustes, elles ont bien été éradiquées. Les rats, presque (ce qui veut dire que ça a raté, et la populations s'est doucement reconstituée). Les râles vont bien merci, leur population s'est bien développée depuis ces malheureux événements. Quant aux tortues marines, franc succès : leurs pontes étaient détruites à 100%, et depuis l'opération commando, les bébés tortues naissent à nouveau sans se faire gober tout cru par les mangoustes.

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Et alors on ne mange plus d'omelettes nous ?
(Dessin de Jean Chevallier, tous droits réservés)

Quel rapport avec ma virée sur l'îlet cet été ? C'était pour accompagner mes amis ratators, qui poursuivent leurs investigations. La question était cette fois la suivante : quel est le régime alimentaire des rats, en quantité et en qualité (c'est bien beau de les accuser du pire, ils ne mangent finalement peut-être que quelques feuillages et coquillages ?). Mais comment diantre fait-on pour savoir ce que mange un rat sur l'îlet Fajou ?
- on le surveille à la jumelle et on note ce qu'il mange ? Non.
- on l'attrape et on regarde ce qu'il a dans dans le ventre ? Avant on faisait comme ça, mais c'était relativement compliqué car il fallait tout regarder au microscope et avoir des éléments de référence.
- on l'attrape, on prend ce qu'il a dans le ventre et on fait des analyses physico-chimiques dont je ne me rappelle plus le nom, et qui permettent de savoir les proportions des différents groupes animaux et végétaux consommés. Et pour ça, il faut avoir en même temps prélevé et capturé toutes les espèces animales et végétales potentiellement consommées par le rat sur l'îlet. Ce n'est guère plus simple que l'item du dessus, mais il paraît que c'est ce qui se fait de mieux. Le projet scientifique s'appelle "Aliens", d'autres équipes de par le vaste monde font le même genre d'étude sur d'autres espèces envahissantes.

Ma conclusion à moi : y faisait vachement beau ce jour-là, et petit à petit je retrouve mes marques en aquarelle.

2 septembre 2007 7 02 /09 /septembre /2007 17:44
Mon premier est l'instrument du hasard, mon second est zob/2, et mon troisième un port d'attache. Mon tout est un caillou long exposé à la morsure du soleil, des vents et des iguanes. Voir image ci-dessous, prise depuis la plage de la Petite Rivière à Baie-Mahault. L'image date de 1987, mais le pays n'a guère changé, si ce n'est (si ce ne sont ?) des éoliennes qui ont poussé sur la montagne, et des lampadaires sur la voie unique, éclairant au bas mots 5 passants de l'heure.
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Pendant que les petits copains sont en train de recompter leurs cahiers et autres fournitures scolaires, nous nous échappons peu avant la rentrée, et prenons le tramway pour la Désirade. Traversée ultra calme, pour preuve ma mine non déconfite en doublant la Pointe des Châteaux.
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Quelques chiffres : 1632 âmes (qui vivent), probablement autant d'iguanes, mais aussi des racoons, agoutis, têtes à l'anglais (cactus protégés), 1 côte abritée (relativement), 1 côte au vent accessible seulement par la montagne ou la mer. 
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Les ressources ? La pêche, un peu d'élevage (biquettes et moutons), quelques locations de gîtes (le nôtre était top, espace dedans, espace dehors, si le coeur vous en dit c'est chez Raymonde Lalanne, dont le mari était gardien de phare à Petite-Terre dans les années 70). 

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Un plateau inhabité (hormis le papa de Maguy, qui vit dans sa case rouge, élève quelques animaux, dispose d'une citerne du XIXème (siècle, pas arrondissement), tout ça après avoir quitté l'île à l'âge de 20 ans, et fait sa vie en France). Je m'égare, nous ne sommes pas dans une chronique historique, mais dans le blog des Bubu.
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L'endroit est extrêmement sympathique, je furête dans les faubourgs, tire le portrait aux iguanes, aux mobylettes et aux vieux volets patinés, pendant que le reste de la famille pêche au fusil (merci Ludo), fait trempette en sa castagnant avec des chaussettes remplies de sable (essayez, c'est rigolo, mais ça peut faire mal).

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Laisse béton


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Mangue qui s'est pris une tôle  


Tenue de camouflage


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Tout ce bleu, ça me fout le blues (dit la tourterelle désiradienne)


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Le sang du flamboyant

Nous traversons le plateau en 4 x 4, trainons près du phare et de la sation météo, trouvons une patte et une tête de biquette sous un petit pont (beurk). Au fond de l'anse de Baie-Mahault, il y a un tout petit cimetierre. Les marins ont arrimé leurs barques aux tombes pour que le cyclone ne les emporte pas. Les morts ont dû être contents, enfin un peu d'animation et d'utilité publique...

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L'air marin qui rend fou...  

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Un, deux, trois, nous irons aux bois


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Bon, je vous laisse, j'ai à faire...  Des kilos de feuilles de mancenillier à brouter, ce n'est pas rien.


Dans un prochain article, je vous raconterai peut-être l'histoire de cette espèce de cactus protégée, la tête à l'anglais, qui était fréquente sur la route du phare, et dont la population semble en avoir pris un vieux coup. D'aucuns accusent les chèvres, capables de brouter cette plante épineuse en lui donnant des coups de cornes. Mais lorsque biquette broute la catée en danger, elle ne la tue point. Et bizarrement, il reste des cactus dans des coins inaccessibles aux hommes (mais facilement acessibles aux biquette). De là à dire qu'il y a anguille sous roche, il n'y a guère plus qu'un pas de fourmi (j'ai oublié de vous dire que le cactus est très décoratif).

La suite au prochain épisode...
24 août 2007 5 24 /08 /août /2007 15:33

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Bain d'argile dans la mare à Tatie Frédérique...


Le héros, j'ai nommé Ludo (à gauche sur la photo), est revenu de l'enfer vert. 
Changements notables : 1- ongles de pieds verdâtres (sans doute l'argile), 2- propension à débarasser la table sans qu'on lui demande, 3- souhait de vivre en Guyane. Au bout de 3 jours, tout était rentré dans l'ordre initial.

Or donc, trois semaines passées chez Thibaut (à droite sur la photo), dont les grands-parents vivient sur un terrain de 4 hectares, avec appontement sur la rivière, bateau pour aller sur le fleuve, buggy pour faire des tours sur le terrain. Un coin de paradis en somme.

Les temps forts : parties de pêche sur le fleuve Kourou, visite du centre spatial, décollage réussi d'Ariane, traversée de l'Oyapock pour aller faire un saut au Brésil, et la téloche dans la chambre !  

 

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Ariane 5 ? Un gros suppo ? Non, juste une maquette.

A noter : "c'est drôlement plat, pas vu un serpent, fait plus chaud qu'en Guadeloupe, les moustiques assurent, les poux d'agoutis m'on laissé en paix, j'y retournerais bien l'année prochaine". 

Ludo, août 2007