13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 23:54
Les Gréna sont là

En créole dans le texte. Gréna = grenat. Du nom de la couleur des vieilles mobylettes de marque Motobécane (je crois).

 

Ces fringants destriers ont fait leur apparition il y a une cinquantaine d'années (à vue de nez) en Guadeloupe, du temps où les gens modestes n'avaient pas de voiture. Révolution pour sé mésié-la, qui pouvaient se déplacer à leur guise, et notamment pour aller travailler.

 

Maintenant c'est plutôt scooter, mais beaucoup de vieux ont encore leur Gréna.

Merci http://www.leblogdecom.fr/

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Mais pourquoi donc cette chronique motocyclique ?

 

Parce qu'en rentrant du boulot, ce qui m'arrive eviron cinq fois par semaine, je suis passée, pour changer, par la route du Pont cassé. Cette petite route de campagne est bordée d'un manguier vieux comme mes robes, et de pièces de cannes. Pièce de cannes = champ de canne à sucre.

 

Depuis une vingt-cinquaine d'années, la récolte de la canne s'est mécanisée petit à petit. Imaginez les temps de la récolte manuelle, que j'ai connus grand bien m'en fasse. En période de coupe, des armées de journaliers, souvent haïtiens, déboulaient dans les champs dont la hauteur les dépassaient largement. Vêtus des pieds à la tête. Ca ne rigole pas la canne, les feuilles sont pleines de toutes petites aiguilles de silice, dont le job semble être de se piquer dans votre peau. Amer retour du sucre de canne pour celui qui la coupe.

 

Ces pièces de canne du Pont cassé sont encore récoltées à la main, et de ce fait sont brûlées avant la coupe. Cela facilite le travail, en réduisant en fumée les feuilles sèches. Tant pis pour le sol, point de retour de matière organique. Mais quelle beauté ces flambées nocturnes, et l'odeur des champs ainsi carbonisés.

 

Eh bien ce soir à la tombée de la nuit, une Gréna était encore là dans le champ fraîchement coupé. Les vieux journaliers sont toujours là, combien de temps encore ?

14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 20:52
Poussière d'étoile, sur http://kunst-lab.de/

Poussière d'étoile, sur http://kunst-lab.de/

Anna est là.

 

Anna : la grâce en hébreu.

 

14 mars jour radieux.

 

 

1 janvier 2017 7 01 /01 /janvier /2017 22:10

2017 devrait être une année riche (en quoi je ne sais pas), compte tenu du soin que j'ai pris à honorer le rite du bain démarré. 

Démarré à triple détente

On n'est jamais trop prévoyant, j'ai pris le premier bain démarré le 31 décembre. Avec Aude et Eric, à la plage du bourg de Bouillante. Petits galets noirs, eau limpide, et tout simplement bouillante. C'est qu'une petite rivière thermale s'y jette. Gros panard de nager dans une onde à 40° et plus. Et de rechercher plus loin un peu plus de fraîcheur. Le haïku serait :

 

L'anse ouvre ses bras.

Chaud froid soufre et montagne.

L'arc-en-ciel est là.

 

Démarré à triple détente

Second bain démarré plus réglementaire, pris le 1er janvier. Plage de Viard ma bien-aimée. Seule au lever du soleil. Un navire de croisière charrie mollement quelques milliers de vacanciers sans doute encore dans les limbes du sommeil et de l'alcool. Le haïku serait :

 

Reflets orangés.

Sable noir essoufflé.

Un coq me surprend.

Démarré à triple détente

Le troisième bain démarré a été subi plus que choisi. Mais je ne lui en ai pas voulu. Une petite marche avec Valérie à la Pointe à Bacchus (mais nous n'avions pas emporté de vin). Je la guide sur le caillebotis de la forêt marécageuse. Drôlement abîmé le caillebotis. Je pose mon pied sur ce que je pensais être de la terre ferme (de la boue ferme devrais-je plutôt dire), et floup ! Comme dans les films, je suis dans les sables mouvants jusqu'à a taille. Sauf que ce n'est pas du sable mais du marécage. L'impression est fraiche tendance tiède, avec matière organique en décomposition. Par chance seule ma jambe gauche est engloutie, et il n'y pas de crocodiles dans les parages. Le haïku serait :

 

Au ras du marais.

Amis palétuviers

Conscience aiguisée.

 

Post-scriptum : ma jupe est à laver !

Vous devez vous demander (sauf que le premier janvier souvent on ne se demande rien) pourquoi je vous bassine avec des haïkus. C'est qu'en rentrant de cette promenade organique, des gens sur France Inter parlaient de cette forme de poésie. Comment rendre poésies certains moment de votre vie. Avec la contrainte des 17 syllabes : 5-7-5.

 

Voilà c'est fait ! 

29 décembre 2016 4 29 /12 /décembre /2016 14:57
Les mains du miracle

"La Feuillade, lundi

Chers amis,

Mes invités de la première heure viennent de partir... J'ai obtenu 3 tickets donnant droit à 30 litres d'essence - Rien ne vous empêche plus de partir et Claude dans sa carte me dit qu'il pense rentrer vers le 20.

J'attends un mot de vous me fixant l'heure de votre arrivée.

A bientôt le plaisir de vous revoir.

Bien affectueusement,

Maguy"

C'est le texte d'un petit billet gris pâle daté du 14 août 1946, et adressé à mes grands-parents paternels. Ce billet était affranchi avec un timbre à 3 francs, des anciens francs bien sûr. Donc 3 centimes de francs, soit un demi centime d'euro.

La Marianne du timbre de 1946 est moins stylisée que celles de 2016, mais elle a toujours la même mine rouge. En ce temps-là, on se donnait rendez-vous par courrier papier, plusieurs jours à l'avance. Je sais que cette Maguy était une amie de la famille des parents de ma mère, et qu'elle avait une belle maison - La Feuillade - dans la campagne proche d'Orléans. Ville où habitait ma mère avant son mariage. L'allusion aux tickets de rationnement m'a étonnée, je croyais qu'ils n'étaient plus en usage après la guerre.

Le billet a mis 5 jours pour faire le trajet de Saint-Jean-De-Braye à Versailles. Puis plus de 69 ans pour atterrir sous mes yeux, lorsque j'ai ouvert un livre emprunté chez ma sœur Michèle la semaine dernière. Les tournants de la vie nous ouvrent souvent les yeux sur de petits signes. J'étais à Versailles pour enterrer notre père, grand-père, ami, allié, ce que nous fîmes d'une façon qui lui aurait surement plu.

Le livre dans lequel se trouvait le billet était Les Mains du miracle. Que je dévorai en deux temps trois mouvements (le livre, pas les mains ni le billet), et que je viens de terminer dans mon Paris-Pointe-à-Pitre. C'est écrit, mes lectures dans l'avion du retour ont souvent un goût de coïncidence.

Les Mains du miracle ont été écrites par Henri Troyat à Versailles en 1959 - ma ville et mon année de naissance - puis publiées chez Gallimard en 1960. Il s'agit d'un récit documentaire qui se déroule pendant la deuxième guerre mondiale. Mais on jurerait un roman, il a tous les ingrédients pour vous tenir en haleine et le cœur battant jusqu'à la dernière page. Les protagonistes en sont Himmler - le tristement fameux n-1 d'Hitler - et Félix Kersten. Cet heureux Félix, natif de la vieille Russie, en soignant Himmler cinq années durant, a fait des miracles.

Juste croyez-moi. Et pour en savoir plus, courez telle une amazone (.fr) vers la librairie la plus proche.

Post-scriptum de Frédéric Begbeider, qui m'a également tenu compagnie sur l'Air France 767 :

"Ma vie est nettement plus intéressante depuis [...] que je côtoie des gens qui vivent pour pouvoir lire, et lisent pour pouvoir écrire, et écrivent pour pouvoir vivre".

Conversations d'un enfant du siècle, 2015. Editions Le Livre de Poche - 7,90 €.

21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 22:06
Georges et son fils Claude

Georges et son fils Claude

Mon grand-père Georges s'est arrangé pour m'envoyer un skysapp depuis je ne sais où. Ca m'a fait chaud au coeur. Je vous le transcris.

"Ca fait longtemps que je n'ai pas fait signe. A force d'être mort, je prends de mauvaises habitudes, je me laisse un peu vivre. Si on peut dire.

Depuis quelques jours, je sens un frémissement dans l'air glacé de l'hiver. D'ailleurs il faut que je vous dise, l'air est toujours glacé là-haut. Mais curieusement je n'ai pas froid.

Mon fils Claude est en route. Il a atteint le bout du monde samedi dernier et avec un peu de chance je vais le voir débouler sous peu. J'espère que le reste de la famille va le laisser partir sans trop de difficultés. Se souvenir oui, mais retenir quelle idée.

Je vous tiens au courant mes chers vivants !

PS - Vous avez vu comme nous étions beaux dans notre enveloppe de chair ?"

 
17 novembre 2016 4 17 /11 /novembre /2016 09:10
Si Versailles m'était contée

Pas d'affolement, je ne vais pas vous bassiner avec la vie de Louis XIV, XV ou XVI. J'ai quand même appris de source presque sure (son descendant, qui se trouve aussi être le chiropracteur de ma soeur), que Louis XVI était largement tatoué. Ci-dessus, les moutons (presque pas tatoués) du parc de Versailles, du côté du Trianon. On dira tout ce qu'on veut, mais l'histoire retiendra une chose : il y a de sacrément belles couleurs en automne.

Si Versailles m'était contée

J'avoue m'adonner depuis quelques jours à une de mes vieilles addictions. L'examen des trottoirs. Ce qui est plus enrichissant que l'examen de conscience, très surfait.

Si Versailles m'était contée

Je le dis haut et fort, les trottoirs c'est pas la zone !

Si Versailles m'était contée

Des explosions oui mais de couleurs.

Si Versailles m'était contée

Ils nous disent d'être heureux (don't worry, be...).

Si Versailles m'était contée

Ils nous demandent gentiment d'arrêter de fumer.

Si Versailles m'était contée

Ils nous indiquent où les chiens doivent faire caca.

Si Versailles m'était contée

Parfois même ils évoquent le ying et le yang.

Si Versailles m'était contée

La poésie à l'état pur.

Si Versailles m'était contée

L'impressionnisme sans avoir à faire la queue au musée.

Si Versailles m'était contée

Le dépassement de la ligne jaune des sentiments.

Si Versailles m'était contée

Et lorsque quelques temps plus tard j'ai relevé la tête, une armée de petits chinois surveillait l'envol des esprits dorés ! 

31 juillet 2016 7 31 /07 /juillet /2016 02:03
Danièle

Le coeur sur la main.

Le coeur envolé.

Le tonnerre gronde ce soir.

Tu es en chemin.

Moment de couleur univers.

Dessin d'Alexandra Dvornikova

Dessin d'Alexandra Dvornikova

10 mai 2016 2 10 /05 /mai /2016 09:59
Welcome on board !

Il y a environ 18h, le 9 mai à 18h18, Princesse Tam-Tam a déboulé au son du tambour.

Nous a tenus en haleine deux jours durant, les parents étant partis peut-être un peu vite à la maternité.

Nous n'en pouvions plus, greffés à nos Whatsapp tels le bigorneau moyen à son hospitalier rocher.

En parlant d'hôpital, tout s'est très bien passé.

Marie est née, la première de la new generation.

Je peux le dire, c'est le bonheur.

Allez hop Marie, c'est parti et tu as toute la vie devant toi.

Photo tirée d'un article du Monde complètement idiot, intitulé "Etre parent pour la première fois serait pire qu'un licenciement".

 

 

3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 00:01
La mariée était en blanc

Ce premier août était particulier. Enfin un petit indice. Indice atmosphérique. Depuis des mois, l'atmosphère était chargée de brumes de sables, sans répit. Soustrayant au paysage la ligne violette des montagnes et des îles proches. Horizon kidnappé !

Feutre et aquarelle.

Feutre et aquarelle.

Et ce jour-là enfin, la clarté est revenue. Posée sur la page de Cluny, je profite de la lumière et du vent. Je me fais la Tête à l'Anglais sous toutes les coutures. C'est d'ailleurs la pleine saison pour les sternes, qui par milliers nichent sur cet îlet.

Crayon.

Crayon.

Mon nouveau feutre noir se délaie à l'eau, j'ai du mal à le maîtriser.

Ca bave un peu.

Ca bave un peu.

Sur ces entrefaites (entre-fêtes ?), une noce déboule sur la plage. Prennent des photos, sautent, sont heureux. La mariée est ravissante, toute noire dans sa robe blanche. Je leur offre le dessin et nous parlons un peu. Nous sommes presque voisins, et décidons de nous revoir. Un type m'a même demandé mon 06 !

 

 

 

1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 16:27
Aérodrome de Saint-François (priez pour nous).

Aérodrome de Saint-François (priez pour nous).

... il y a donc de l'espoir, à l'inverse de Noir c'est noir...

Hibiscus rouge.

Hibiscus rouge.

Imaginez donc que mon fils numéro 2 a eu 20 ans il y a peu. Je ne comprends pas, c'était un beau bébé dans son petit lit à barreaux bleus, et voilà-ti pas qu'il a 20 ans. Il faudra m'expliquer.

Encore mieux que les scouts.

Encore mieux que les scouts.

Pour 20 ans, il faut essayer de trouver un cadeau dont on se souvienne. Idée ! Un saut en chute libre, suivi de préférence d'une descente en parachute.

Slogan rouge.

Slogan rouge.

Le club de Saint-François a l'air approprié, à se demander s'il n'y aurait pas des savaoyards dans le tas.

Rémi tu écoutes les consignes s'il te plait.

Rémi tu écoutes les consignes s'il te plait.

La position quand tu tomberas dans le vide.

La position quand tu tomberas dans le vide.

Fais risette à la Go-Pro.

Fais risette à la Go-Pro.

Que la force soit avec toi.

Que la force soit avec toi.

Non, tu ne gerberas pas.

Non, tu ne gerberas pas.

Point blanc sur fond bleu.

Point blanc sur fond bleu.

Une dizaine de minutes plus tard, la chair de ma chair plane à 3 000, s'envoie en l'air, atteint le 7ème ciel.

 

Pendant ce temps, pour ne pas angoisser, je dessine. Un fauteuil m'a tendu les bras sur la piste alors j'ai saisi l'occasion.

Avion rouge.

Avion rouge.

Parachute rouge.

Parachute rouge.

Rouge c'est rouge...

Flamboyant rouge. Bon anniv mon doudou !