Saint-Louis de Marie-Galante, le lundi de Pâques
Nous partîmes à 12, et grâce à un bon vent fort
Nous ne mîmes que 5 jours pour arriver au port.
Un truc qui devrait être obligatoire et remboursé par la sécu : la voile en famille et en amis. C'est pas cher (non non, faites le calcul), et ça peut rapporter gros (des poissons à la traîne par exemple, quoi que cette fois on ne peut pas dire qu'on ait vécu de notre pêche).
J'essaye de camper un peu le décor et les protagonistes. Avant ça, j'enregistre en brouillon, je dois aller chercher nos dossards pour les Rondes vertes. "C'est quoi les rondes vertes ?" vous écriez-vous tous en choeur. Je vous le dirai la prochaine fois.
Jade. N'a que la moitié du gène qui permet d'enrouler la langue (mais dispose de la totalité des gènes de la malice).
Anouk. Supporte courageusement des parents qui ne loupent pas une occasion de l'emmener faire des promenades à terre sous le cagnard ou sous la pluie, au lieu de rester peinards au bateau.
Kim & Swan. On ne les présente pas.
Euh lui c'est Yannick. Arrière petit-fils de moine tibétain, doté du gène de lévitation inverse.
Rémi. Au saut de la couchette, en phase de reconnection neuronale.
Nat. Spécialiste en règle de cra (et en règle de trois). Auxiliaire de navigation précieuse.
Jeff. Promoteur de lunettes internettes. Accro à l'arnica sous toutes ses formes.
Angèle. Spécialiste en coloriage de chromosomes de canne à sucre (la teinture à chromosome a coulé sur son tee-shirt).
Jean-Christophe, alias Coco. N'a pas arrêté de chiper 'Les 7 Eves' et 'Malavita' aux filles. L'avons exhorté avec succès d'exorciser sa peur de barrer.
Pis quand même, Popo et Moman étaient là.
Démarrage en douceur en fin d'après-midi depuis la marina. Cette fois, c'était plein sud, objectif le bout du monde (avec quand même la contrainte de rentrer au bout de 5 jours). Pour ne pas trop forcer, nous passons la nuit à l'îlet Gosier, situé à la vertigineuse distance d'nviron 2 miles de notre point de départ. Etant en compagnie de personnalités scientifiques de renom, l'une d'entre elles, néanmoins de sexe masculin, nous livre à une expérimentation en aveugle. Il s'agit de faire la différence entre les deux marques de bière embarquées. Fastoche, entre la Corsaire et la Carib, impossible de s'y tromper. Beuuh, on a eu beau essayer plein de fois, on ni ya pa arriver !
Le lendemain, journée magnifiquement pluvieuse, effets de Manche. Vent bizarroïde qui nous pousse difficilement jusqu'aux Saintes. Jeff se prend un méchant retour de winch dans l'avant-bras, et commence donc à s'oindre et gober de l'arnica. Un tour dans le bourg pour certains. Devant l'église, un beau santois en tunique blanche et barbe jaunie prophétise : "Jésus ne travaille pas aujourd'hui".
Pas moyen de mouiller à l'îlet Cabri, trop de monde en ce jeudi saint. Nous aterrissons au pain de Sucre, nuit tranquille, notre cata de 46 pieds (quasiment un mille-pattes) est stable. Le lendemain, nous arpentons les mornes pour trouver un gendarme ou un policier en service, il nous faut un papelard attestant que nous sommes partis. Mais c'est vendredi saint, on ne trouve personne à part des iguanes et des poules. Tant pis, les douaniers dominicais nous prendrons tels que nous sommes.
Samedi, démarrage en trombe pour la Dominique. Le plan d'eau des Saintes est toujours aussi turbulent, on empanne et Jeff se trouve comme qui dirait un peu projetté par le paland sur un des montants du tau. Ce coup-ci c'est la tête et le bras qui prennent, mais le tube d'arnigel est à portée de main, et les granules font leur office. Allez, maintenant on avance bien, la mer est belle, et ça mord. Un baracuda, pas de bol, on le remet à l'eau après une manoeuvre effectuée de main de maître pour se mettre à la cape (c kwa sa ?).
Nous atteignons la pointe de Portsmouth, et à ce moment, une barque jaune nous fait signe et nous guide vers le mouillage. C'est Cobra, qui essaye de faire marcher le commerce local. Il y réussit, nous acceptons de mouiller sur une bouée moyennant quelque monnaie. Fruitman arrive également avec sa barcasse, il nous propose des pamplemousses. Tomorrow man, laisse-nous arriver.
Ballades dans le bourg, puis le lendemain, objectif la crête de la montagne. On ne la trouve pas vraiment, mais tout ça est vert escarpé, gorgé d'humidité. L'herbe sur le bord de la route, c'est de la citronelle. Des icaques et des cajous en pagaille. Tout là-haut, des cultures vivrières (ignames, cives, tomates...).
Bon allez, nou ka chapé, on part à Marie-Galante. Euh alors Jeff, pour quoi tu as mis la traîne ? Le fil de pêche est tout entortillé dans l'hélice, et peu après, on se rend compte qu'une latte de grand-voile se fait la valise. Retour au mouillage, etc... et c'est reparti... Dimanche pascal très très pluvieux à Marie-Galante... Allez, on dort à Saint-Louis, on flane, et on rentre. Angèle, Coco et Anouk ont un avion à prendre le soir-même. C'est un peu juste...
Quelques photos d'ambiance là.