Je pars m'aérer. Comme souvent, à Viard. Pas loin, la mer, la mangrove, le vent, les oiseaux. Pfff une voiture est arrêtée au beau mitan de la petite route. C'est que je n'ai pas que ça à faire moi !
Elle repart, et je jette un oeil là où elle était arrêtée, au niveau d'une petite ravine. Un peu cracra mais bien sympa avec ses zones humides et ses pâtures à l'arrière plan.
Hein que vois-je ?
Une, non deux tortues de terre, prenant le soleil de fin d'après-midi sur la petite berge argileuse. Je pourrais faire une photo mais je préfère juste garder l'image dans la tête. Au final, je sors à toute vitesse mon carnet à dessin pour croquer vite fait au crayon papier les deux molokoïs.
Je repars (c'est que je n'ai pas que ça à faire : j'ai prévu de marcher sur la plage). Mais je n'y tiens pas et fais demi-tour. L'image était trop belle, et je décide de me lancer dans une aquarelle complète : au fond un bel arbre, dans l'axe une vache rousse et un vache blanche, et juste en dessous, les tortues qui sont maintenant au nombre de trois.
Une femme passe et je lui fais signe de regarder. Elle s'extasie. Pour un autre animal que je n'avais pas vu, un petit héron vert, autrement appelé kio. Chacune voit midi à sa porte. Nous sommes ravies toutes les deux.
Finalement, je n'avais que ça à faire.
Certaines journées apportent leurs lots de petits bonheurs.
Tout avait commencé avec Mademoiselle M, qui souhaitait aller passer en ma compagnie de l'eau et des pigments sur des feuilles de papier. Plaisir simple du barbouillage.
Une mise en condition s'imposait, avec trempage des corps dans l'eau chaude de la ravine Thomas. Se faire griller les petons sur une roche brulante contribua en partie à notre bonheur.
Après avoir bifurqué sciemment sur une route inconnue en direction du centre Selbonne, nous nous aventurâmes (et conscience) dans des chemins mal pavés, pentus, mais très bien famés : de belles petites cases modestes, comme on les aime. Quand soudain ! Un fromager nous fit signe de nous arrêter. Ce que nous fîmes derechef, n'écoutant que notre bon plaisir.
Le bougre ne manquait pas de piquants.
Ni de perspective.
Nous posâmes donc nos deux augustes popotins à l'ombre du fromager, le regarder fixé sur la ligne bleue des Vosges Mamelles. Ou autres monts, je ne suis pas très sure.
Petite digression tant que j'ai le micro. Etonnante cette roche. La pierre angulaire ? Quoi qu'il en soit, mademoiselle M et moi sortîmes notre attirail de parfaites peintres du mardi. Comme d'habitude, nous pestâmes contre le paysage qui change tout le temps de couleurs, contre la petit pluie qui nous interrompt au mauvais moment, et contre les fourmis dans les jambes.
Et pour couronner le tout, nous nous sommes tapées un Magnum double caramel en redescendant, attablées face aux îlets Pigeon. Fromager dessert !
Hier soir j'ai fait un truc pour la première fois. Sortie de la zone de confort. Sparring au kick-boxing. Il s'agit de se battre vraiment, même si le costaud en face de vous adapte ses coups et évite de faire mal aux petites choses telles que moi.
Hé bien un bon petit coup d'adrénaline ne fait pas de mal. Ni bleu ni bosse en tous cas. Merci à Guillaume, Samuel et Christophe de n'avoir pas ménagé leur peine. Et à Christine, Xavier et Stéphane de nous avoir coachés.
Les photos datent en fait de l'été dernier, avec les petits combats de fin d'année au club.
Pendant que c'est encore frais dans ma mémoire, mais après quelques jours de décantation.
Un post c'est comme du vin, il faut le laisser s'aérer avant de le servir.
Troisième alerte cyclonique en moins de trois semaines, on croit rêver. A priori rien de méchant mais trajectoire prévue sur Petit-Bourg. Bon ça c'était avant : au final ce sera la catégorie 5, et il passera un peu plus au sud, en plein milieu de la Dominique, puis juste au ras des Saintes.
On quitte le boulot à midi, histoire d'aller ranger et barricader ce qui doit l'être. Toujours cette sorte d'exaltation quand on sent que la nature va sortir de ses gonds. Petit dîner en famille, c'est la tradition !
Puis je rejoins ma case, et ferme pour une fois à triple tour. Il n'y a pas de fenêtres, juste des volets de bois ce qui est bien pratique.
Je tombe de sommeil et m'endors malgré le vent qui commence à bien souffler.
Sur le coup de minuit, je suis réveillée par un grand bruit. Une branche qui est tombée sur le toit ? Je ne sais pas. Ça devient sérieux, le vent ne fait que monter jusqu'à deux heures du mat. Parfois de brèves accalmies et ça repart.
Merci whatsapp, je babille avec quelques copains. Rassure Valérie qui trouve que ça fait beaucoup de bruit. Dans la nuit, je me risque sur la terrasse, j'ai vraiment envie de voir. Je suis saisie par l'odeur. De végétaux hachés menu, qui jonchent la terrasses et les alentours. C'est très beau de voir les palmes des cocotiers se balancer de tous côtés.
Je me recouche. Je n'ai pas peur, j'ai confiance dans ma petite case. Au pire si le toit part, j'irai sous mon lit. La trouille peut-être quelques minutes quand même, au plus fort de l'ouragan. Je dirais vers deux heures et demie. Je crois que je finis par m'endormir vers 4 heures.
Au petit matin ça souffle encore bien, je sors, et tombe sur François. Nous partons en reconnaissance dans le jardin, casqués !
Un arbre a pain a chu sur le trampoline. Le bout d'un autre sur la voiture d'Anna sans causer de dommage. Deux avocatiers sont maintenant trèès penchés. Un cocotier bloque la sortie, ainsi que quelques arbres dans le chemin d'accès.
Le poteau électrique est presque par terre mais curieusement nous aurons toujours du courant. L'eau est coupée, mais elle revient dans l'après-midi.
C'est toujours alerte grise, donc seuls les secours sont autorisés à circuler. Nous allons malgré tout explorer un peu les environs. Beaucoup d'arbres et de poteaux électriques par terre, avec les fils qui vont avec.
Les routes sont très encombrées de débris végétaux. Je pousse en vélo voir les amis de Lamothe, ils s'ennuient. Nous faisons une petite balade en prenant garde à ne pas toucher les fils électriques...
Le vent faiblit, la pluie tombe, et nous passons la journée à tronçonner, déblayer, ramasser les avocats et prunes de cythère, débiter un coeur de palmier, nettoyer les terrasses, lessiver les murs incrustés de milliers de fragments de feuille. Une fois les murs lessivés, c'est moi qui le suis, et je tombe comme une masse à 8 heures du soir.
Le lendemain sera ponctué de nombreuses visites, les amis viennent prendre des douches, recharger leurs téléphones, faire un petit coup d'internet... et aussi manger avec nous. Au final peu de tracas pour nous. Le jardin est maintenant bien éclairci. Les maisons n'ont pas souffert.
C'est une autre histoire pour ceux des Saintes, du sud Basse-Terre et de la côte sous le vent. Et surtout pour les habitants de la Dominique.
Mardi en fin d'après-midi. Il ne faudrait pas mais je vais voir la mer. Tellement calme.
Un peu d'eau commence à tomber. Je rencontre un ami, nous sommes seuls sur cette plage. Il me montre les tarpons qui rôdent. L'un d'eux saute hors de l'eau.
Le niveau de la mer est haut. On m'a expliqué que c'est à cause de la pression atmosphérique qui est très basse pendant le cyclone. Alors la pression sur la mer est moins forte, et le niveau monte.
Les pélicans pêchent très près du bord. Il y a sans doute un tas de pisquettes.
Les petits crustacés, qui traînent sur les sargasses échouées, sautent dans l'eau de mon aquarelle.
Il est temps de partir. D'ailleurs les yen-yens me dévorent. Et des policiers viennent me dire gentiment que je dois rentrer chez moi. "On est en alerte rouge madame".
La nuit aura été peuplée de rêves étranges. Et d'insomnie car toujours pas un souffle de vent alors que nous sommes dans le cyclone. Je sens mon matelas faire un petit bond et puis plus rien. La terre a tremblé.
Au matin, je me plais au jeu des reflets, près de la rivière.
Et sans attendre, je retourne à la mer. Peu de vagues dans le Petit Cul-de-sac Marin, abrité par la Grande-Terre et les récifs.
Le trafic est toujours aussi intense sur cette bande qui sépare les éléments.
Les frégates sont les grapheuses du ciel.
On se serre les rémiges en attendant des jours meilleurs.
Je pense à ceux que le cyclone a frappés, tout près de nous vers le nord. Le soleil reviendra.
Incroyable.
A peine arrivée sur notre belle île, et alors même que les vents sont proches du zéro infini, l'impact est déjà abassourdissant.
Vous voyez cette route ? Quatre mois qu'elle était en travaux, quatre mois qu'on se tapait la déviation.
Eh bien aujourd'hui la voie est libre. Merci Irma !
Moment de couleur. Blanc cette fois-ci. Blanc n'est pas une couleur je sais mais je fais comme si.
Blanc comme le temps qui semble s'être arrêté.
Blanc comme pas de vent car avant le vent il n'y a pas de vent.
Blanc comme Adèle Blanc-Sec qui me souffle à l'oreille des messages d'optimisme.
Blanc comme mon coeur, qui se serre à l'idée de ceux pour qui le vent va détruire ce qui leur est cher.
Blanc comme le ciel à cette heure, avant qu'il ne devienne noir et zébré d'éclairs.
Blanc comme les pages que je vais plus tard colorer, pour capturer un peu de ce qui va passer.
Ouh la la ça marche comment déjà Overblog ? Depuis des mois, je cède à la facilité de l'icône bleue et blanche. Quoi de plus simple que de balancer des images, plus ou moins légendées ? Et d'espérer un peu bêtement que ça suscite l'enthousiasme des foules, symbolisée par des petites mains et parfois même des coeurs.
Ceci dit, je n'ai rien contre les mains ni les coeurs, bien au contraire. Le sujet de cet article (y a-t-il vraiment un sujet, je ne suis pas sure), pourrait peut-être démarrer autour des mains.
Ce matin, j'ai pris sur moi de ne pas céder à l'envie de traîner au lit comme je le fais depuis quelques semaines, période d'été oblige. Et plus je me levais tard (parfois 7 heures, vous imaginez ?), moins j'avais envie de me lever. Et plus je ressassais quelques bricoles n'ayant aucune importance d'un point de vue intersidéral, mais considérablement importantes du point de vue de mon nombril. Qui est (tout comme le vôtre), un des innombrables centres de l'univers.
Je viens de finir un livre de Bernard Werber, Le sixième sommeil. Je ne le conseillerais pas vraiment mais je l'ai terminé quand même. Comme ça traite des rêves, forcément ça m'a intéressée, moi qui suis grande rêveuse devant l'éternel, et derrière mon oreiller. Et quand je lis des trucs sur les rêves, je me rappelle mieux de mes rêves. J'ai même un petit cahier et un bic à demeure dans mon plumard pour noter au réveil.
Un de mes fils adorés m'a souvent briefé sur les rêves lucides, qu'il rêve de faire (enfin je me comprends). Le rêve lucide, messieurs-dames, c'est un rêve que l'on fait tout en étant plus ou moins conscient qu'on n'est pas dans la réalité. Ce qui peut permettre de délirer un vieux coup sans aucun risque. Mais c'est énervant, parce que bien que nos rêves nous mettent le plus souvent dans des situations complètement extravagantes, nous ne sommes pas fichus de nous en rendre compte.
"Je participe à une émission de télé. On fait venir ma Maman, elle est dans son jeune temps : brune, belle et souriante. Elle est venue pour montrer ses seins, ce qu'elle fait en les dégageant de son corsage, un peu comme Margot pour donner la gougoutte à son chat. Je n'ai pas honte, je trouve ça plutôt joli" (rêvé le 26 juin 2006, alors que ma mère avait 82 étés). J'aurais quand même pu me douter que je rêvais non ?
A ski paraît (coucou Bruno, ça serait chouette qu'on refasse du ski ensemble), un moyen d'essayer de basculer dans un rêve lucide, c'est de regarder ses mains, ou un miroir, ou ses whatsapps, lorsqu'une situation vous paraît louche. A force de le faire dans la réalité, nous aurons peut-être l'idée de le faire dans un rêve, et il semble que ces petits gestes quotidiens ne soient pas possibles en rêve.
Hier, il m'est arrivé un truc extraordinaire : il s'était mis à pleuvoir, et pour une fois j'avais mon parapluie. Alors j'ai regardé mes mains, mais elles étaient là. Raté.
Je ne désespère pas d'y arriver. Mais finalement pour quoi faire ? Que ferais-je en rêve que je n'ose pas faire en vrai ? Ce sera peut-être mon prochain sujet, vous n'êtes pas sortis de l'auberge !
Postface - Ce matin, en plus de me lever tôt, j'avais plus ou moins décidé que la vie serait belle. La réalité ne m'a pas contredite.
Post-scriptum - Toutes les photos ont été prises en ce dernier jour d'août. Toutes (sauf la première) ont dérobé une part de l'âme de la plage de Viard.